Un "Pelléas" surréel

Le Théâtre des Champs-Elysées donne une vision très imagée de "Pelléas et Mélisande", opéra-phare de Claude Debussy. Le flux musical est magnifiquement dirigé par Bernard Haitink.

Fin de saison en majesté au Théâtre des Champs-Elysées qui monte l'opéra-phare de Claude Debussy "Pelléas et Mélisande". Entre Wagner et Rameau, ce drame lyrique créé en 1902, véritable révolution dans l'histoire de l'opéra, s'inspire du poème éponyme de Maurice Maeterlinck et s'inscrit dans la veine symboliste. Mais la vision qui en est donnée aux Champs-Elysées, dans une profusion d'images, belles sans doute mais parfois absconses, avec des connotations sexuelles plus ou moins explicites, s'apparente plus au surréalisme, à entendre au sens propre du terme: au-delà du réel. Rien de réaliste en effet dans cette histoire d'adultère qui se termine en fratricide dans un temps qui s'apparente au Moyen-âge, sans plus de précision, et des lieux propices à la rêverie: un château au bord de la mer, une vieille fontaine...

Le metteur en scène Jean-Louis Martinoty, qui a signé dans le même théâtre des "Noces de Figaro" de haute mémoire, prête une attention pointilliste à la direction des interprètes. Le décorateur, pour sa part, a fait appel à une multiplicité de techniques, jusqu'aux plus modernes, pour créer une fantasmagorie imaginative et colorée: tulles imprimés de motifs abstraits, rayons lasers, image virtuelle de Mélisande dans sa tour (devenue un triangle suspendu) apparaissant au-dessus de la "vraie" Mélisande sur scène dans les bras de Pelléas.

Même sens du détail de la part du chef, le néerlandais Bernard Haitink, qui restitue toutes les nuances de ce flux musical continu sans intenter à la puissance d'évocation de la parole. Il retrouve l'Orchestre national de France (ONF) avec lequel il a enregistré en 2000, à la suite de concerts au TCE, un "Pelléas" qui fait référence.

Plus inégale, la distribution pêche parfois dans sa diction du français, ce qui est d'autant plus dommageable que le spectacle n'est pas sur-titré. Notamment, la soprano tchèque, Magdalena Kozema, qui incarne une Mélisande sensuelle et capricieuse, très contemporaine mais pas vraiment conforme à l'imagerie de blonde amoureuse à la longue chevelure. Le baryton canadien Jean-François Lapointe est un Pelléas un peu pataud, contrairement au baryton-basse Laurent Naouri qui joue son frère Golaud et s'impose en mari torturé par la jalousie.


Les 16, 18, 20 et 22 juin. Tél: 01 49 52 50 50. www.theatrechampselysees.fr

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