L'AMF oblige Sacyr à lancer une OPA sur Eiffage

L'Autorité des marchés financiers a déclaré mardi soir non conforme l'OPE de Sacyr sur le groupe de BTP et de concessions français Eiffage. Elle affirme que le groupe hispanique a agi de concert avec d'autres actionnaires et doit déposer une OPA.

L'AMF, l'Autorité des marchés financiers, a déclaré mardi soir non conforme l'OPE, l'offre publique d'échange, du groupe espagnol Sacyr Vallehermoso sur le groupe de BTP et de concessions français Eiffage. Selon le gendarme boursier français, l'AMF a agi de concert avec d'autres actionnaires et doit déposer une OPA sur le français.

Selon les conclusions de l'AMF, Sacyr va donc être obligé de lancer une offre sur la totalité d'Eiffage, en cash et à un prix correspondant au moins au prix le plus élevé qu'il a payé jusqu'ici pour acquérir des titres de sa cible. Des obligations qui risquent donc de se révéler très onéreuses pour le groupe espagnol.

Dans son communiqué, l'AMF cite en effet l'article 234-2 de son règlement général sur l'offre obligatoire en raison du franchissement en hausse du seuil du tiers et l'article 234-6 sur le prix de l'offre obligatoire qui doit être au moins équivalent au prix le plus élevé payé par l'initiateur.

Elle mentionne en outre l'article 231-8 sur l'obligation d'assortir une offre d'une option en numéraire lorsque l'initiateur, agissant seul ou de concert, a acquis en numéraire au cours des 12 mois précédant le projet d'offre des titres conférant plus de 5% du capital et des droits de vote. Dans un très long avis, l'AMF cite des éléments expliquant l'action de concert entre Sacyr et des actionnaires espagnols.
L'AMF décide également que Sacyr doit déposer une offre sur APRR, dont Eiffage détient 81,5% de concert avec l'australien Macquarie Infrastructure Group

L'action d'Eiffage avait été suspendue en fin de matinée à la Bourse de Paris, et cela à la demande de l'Autorité des marchés financiers. Cette mesure est intervenue alors que le titre bondissait de 9,32% à 105,10 euros, les marchés anticipant la décision de l'AMF d'obliger Sacyr à lancer une OPA.

Ces derniers mois, Sacyr Vallehermoso a pris 33,32% du capital d'Eiffage, tandis que 89 autres investisseurs espagnols ont acquis des actions du groupe français. Eiffage estimait qu'il y avait là une action de concert visant à prendre le contrôle du groupe sans en payer le prix. Du coup, certains actionnaires espagnols avaient été privés de droits de vote lors de la dernière assemblée générale des actionnaires du groupe français.

Les investisseurs avaient également une autre raison de s'intéresser au titre: les propos tenus ce mardi matin par Benoît Heitz, le directeur général du groupe de BTP français, dans une interview accordée aux Echos.

Interrogé sur l'opinion de certains analystes, persuadés que "si ce n'est pas Sacyr, un autre investisseur prendra à terme le contrôle d'Eiffage", le directeur général du groupe répond en effet que "nous ne sommes pas hostiles à un investisseur qui respecterait deux principes". A savoir la place de l'actionnariat salariés comme "pivot central" d'Eiffage d'une part, et le respect du "modèle de concessionnaire-constructeur intégré" d'autre part.

Pour peu que ces principes soient respectés, Eiffage pourrait donc accepter l'arrivée de nouveaux actionnaires. Selon Benoît Heitz, le groupe se déclarerait "ravi que des investisseurs, Caisse des Dépôts et Consignations ou autres, se renforcent ou nous rejoignent".

En ce qui concerne Sacyr, l'hostilité demeure en revanche plus forte que jamais. Selon le directeur général d'Eiffage, ces "opérations de prise de contrôle rampantes sont inacceptables et risquent d'affecter gravement la crédibilité de la place de Paris si elles ne sont pas traitées adéquatement par les acteurs de la place et les autorités".

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