Le deuxième porte-avions divise les candidats à la présidentielle

Le projet de deuxième porte-avions français a brusquement fait irruption dans la campagne présidentielle. Sarkozy et Le Pen sont favorables à ce projet, Royal et Bayrou souhaitent y associer l'Europe pour partager les coûts.

La construction d'un second porte-avions par la France divise les principaux candidats à l'élection présidentielle après les propos de Ségolène Royal se disant contre un financement de ce projet par la France seule. Jeudi soir à Dunkerque, la candidate socialiste a semblé renoncer à ce programme, en annonçant qu'elle "n'engagerait pas la construction d'un deuxième porte-avions". Mais elle a aussitôt précisé que "cet équipement doit se faire dans le cadre de l'émergence d'une défense européenne et doit devenir un chantier européen".

François Bayrou est à peu près sur la même longueur d'onde que sa rivale socialiste. Certes, il soutient l'idée d'un deuxième bâtiment, mais souligne qu'"il faut le faire avec les Anglais" pour partager les coûts. D'ailleurs, ajoute le candidat centriste, "une grande partie de la défense doit être européenne".

Nicolas Sarkozy, qui s'était montré réservé sur la nécessité d'un tel programme, fruit d'une coopération franco-britannique et dont le coût global devrait atteindre de 2 à 3 milliards d'euros, s'y était rallié le 7 février dernier à Toulon. En déplacement à La Réunion, il a qualifié d'idée "curieuse" le refus de Ségolène Royal d'un deuxième porte-avions. "Moi, je veux à la fois de la sécurité pour la France et une bonne éducation pour les Français", a-t-il lancé, en ajoutant : "s'il y a des choix d'économie à faire, je les ferai sur bien autre chose".

A Dunkerque, la candidate socialiste avait précisé que "si la Nation est capable de dégager le coût d'un deuxième porte-avions", "cette marge de manoeuvre supplémentaire, cette valeur-là n'ira pas à la Défense nationale, mais ira à l'Education nationale". Et de préciser que l'effort de défense nationale resterait "inchangé".

La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, qui soutient désormais la candidature du président de l'UMP, n'a pas tardé à réagir aux déclarations de Ségolène Royal, dénonçant un choix "irresponsable et fallacieux". "La France ne peut pas se contenter d'avoir un groupe aéronaval par intermittence, en interrompant la protection totale du pays ou les missions que lui confie la communauté internationale au fil des délais d'entretien lourd du Charles-de-Gaulle", a-t-elle jugé. L'unique porte-avions français, le Charles-de-Gaulle, sera immobilisé pendant 18 mois à partir de l'été prochain pour des opérations d'entretien et de réparations. Il le sera à nouveau en 2015, date à laquelle est envisagée l'entrée en service d'un second porte-avions.

Les propos de la ministre de la Défense ont mis en émoi les rangs socialistes. Le délégué national du PS à la Défense, Louis Gautier, et la députée du Finistère Patricia Adam ont qualifié Michèle Alliot-Marie de "ministre de l'inconséquence", martelant: "La ministre qui a ridiculisé l'Etat en faisant faire des ronds dans l'eau au porte-avions désarmé Clémenceau est mal venue pour donner à Ségolène Royal des leçons stratégiques". Et de faire valoir qu'en "cinq ans", Michèle Alliot-Marie "n'a jamais inscrit la réalisation d'un deuxième porte-avions dans la loi de programmation militaire". Car " les budgets actuels de la défense ne permettent déjà pas de réaliser l'ensemble des équipements programmés".

Le leader du Front National, Jean-Marie Le Pen assure pour sa part qu'un " pays comme la France ne peut pas se permettre de n'être pas défendu". Et d'observer qu'en "l'occurrence, le deuxième porte-avions est une nécessité puisque, pendant le temps que l'un d'eux est en réparation ou en révision, nous n'aurions pas les moyens d'intervenir là où nous avons besoin de le faire".

Quant à Olivier Besancenot, le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire, s'est prononcé pour la création d'un service public du quatrième âge plutôt que pour un deuxième porte-avions.

Le projet de second porte-avions, soumis en décembre dernier par MOPA2, coentreprise entre les chantiers navals militaires publics DCN et l'électronicien de défense Thales, a été jugé mardi dernier trop coûteux par François Lureau, délégué général pour l'armement. Sans révéler le montant de la proposition, il a exhorté les industriels français et britanniques à travailler en plus étroite coopération pour maîtriser les coûts.

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