Climat : Les gaz à effet de serre pourraient quasi doubler d'ici à 2030

Quelques centaines de scientifiques sont réunis à Bangkok cette semaine sous l'égide de l'ONU afin de rédiger le résumé de leur vaste étude sur les moyens d'atténuer le réchauffement climatique. Plus encore que pour leur deux premières publications, en février et avril, ce document suscite des réticences de la part de certains Etats.

Comment limiter le réchauffement climatique et ses effets néfastes pour la planète? Et quel en sera le coût? Ces questions sont au centre d'une vaste étude de l'ONU dont un résumé sera passé au crible par plusieurs centaines d'experts à Bangkok (Thaïlande) jusqu'au 3 mai, avant son approbation puis sa publication en fin de semaine.

Chaque mot du texte sera soigneusement sous pesé en présence de représentants des gouvernements de nombreux Etats. "Certains gouvernements n'ont pas vraiment envie d'agir contre les émissions de gaz à effet de serre et le risque de tomber dans l'impuissance onusienne guette", s'insurge Antoine Bonduelle, qui fait partie du groupe de quelques centaines d'"experts relecteurs" qui ont annoté et critiqué l'étude, troisième et dernier volet du quatrième rapport qui sera intégralement rendu public en novembre par le Giec (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat). Crainte de compromettre le développement économique, de perdre de la compétitivité sur les marchés internationaux: les raisons sont multiples. Pourtant les défis sont considérables.

"Sans politiques globales supplémentaires, les émissions de Gas à effet de serre (Ges) devraient s'accroître de 25 à 90% d'ici à 2030 par rapport à 2000", souligne le résumé dont "La Tribune" s'est procuré une copie. Il précise que "les énergies fossiles devant rester dominantes encore jusqu'en 2030 et au-delà, les émissions de C02 pourraient croître de 40% à 110% sur la période". Selon l'étude, "deux tiers ou les trois quarts de cette hausse devraient provenir des pays en voie de développement, mais leurs émissions par tête restera de loin inférieure (2,8-5,1 tonnes équivalent CO2 par tête) à celles des pays développés (9,6-15,1 tonnes équivalent CO2 par tête).

Or pour éviter une augmentation de température trop élevée (les ONG recommandent de ne pas dépasser 2°Celsius d'ici à la fin du siècle par rapport aux niveaux préindustriels), il faudra que la concentration de Ges dans l'atmosphère ne s'envole pas (le seuil de 500 particules par million - ppm - est considéré comme charnière) . "Il y a un potentiel économique pour l'atténuation des Ges dans tous les secteurs dans les prochaines décennies, suffisamment pour neutraliser la croissance de ces émissions dans le monde ou pour les ramener en dessous de leurs niveaux actuels", martèle l'étude. Secteur énergétique, transports, construction, agriculture, forêts ... , tous les domaines d'activité sont passés en revue pour envisager les possibilités d'améliorer l'efficacité énergétique ici, substituer des énergies renouvelables aux énergies fossiles là, ou encore développer la capture et le stockage du CO2. "En matière de transport, les experts n'ont pas su élargir leur réflexion à l'organisation de la ville elle-même et se sont cantonnés aux technologies", déplore Antoine Bonduelle qui critique le côté "minimaliste" des conclusions de l'étude.

Reste que si la communauté internationale réagit à temps, les coûts de la riposte resteront gérables. Selon l'étude, "en 2030 les coûts macro-économiques de l'atténuation à moyen terme, compatibles avec des émissions conduisant à une stabilisation de la concentration autour de 650 ppm d'équivalent CO2, représenteront 0,2% (entre -0,6 et 1,2%) de perte en Pib mondial" correspondant à une "réduction du taux de croissance annuel moyen du Pib de moins de 0,06 point de pourcentage". "Pour une concentration de 550 ppm d'équivalent CO2, les coûts représenteront 0,6% Pib de perte de (entre 0 et 2,5%)", soit "une baisse du taux de croissance annuel moyen du Pib de moins de 0,1 point de pourcentage" poursuit l'étude. Et de rappeler que les investissements nécessaires pour produire les énergies sobres en Carbone s'élèvent à 20.000 milliards de dollars d'ici à 2030. "Environ 90% du potentiel d'atténuation peut provenir de la gestion du carbone enfoui dans les sols", affirment les experts. Ils écartent en revanche toute idée d'envoyer dans l'atmosphère supérieure des matériaux soit disant capables de bloquer la lumière solaire, une hypothèse "largement spéculative".

Pour surmonter les "barrières" qui empêchent de mettre à profit les ressources de l'efficacité énergétique, les gouvernements auraient avantage à se doter d'instruments incitatifs, la fiscalité (éco taxe ...) revenant souvent dans le fil du texte. Mais le prix du carbone, sur le marché où s'échangent les crédits d'émission de C02, sera lui aussi un facteur déterminant pour la recherche de technologies faiblement émettrices, à condition qu'il soit suffisamment élevé. Les experts réaffirment enfin le rôle d'aiguillon joué par le Protocole de Kyoto dans l'élaboration des politiques nationales anti- réchauffement. Ce protocole est la seule riposte multilatérale apportée au défi climatique à ce jour même si les Etats-Unis le rejettent toujours et si les pays émergents comme la Chine sont affranchis de toute contrainte de réduction de leurs émissions. Très naturellement, les experts plaident pour que les nouveaux engagements qui seront pris dans le cadre de ce Protocole pour la période post 2012, rallient un soutien "plus fort" qu'actuellement.

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