Paul Wolfowitz ne démissionne pas de la Banque mondiale

A l'issue de l'assemblée de printemps des instances dirigeantes de la Banque à Washington, le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz a refusé de démissionner, malgré le scandale suscité par les privilèges financiers accordés à sa collaboratrice. Les critiques doutent notamment de sa capacité à diriger efficacement la lutte contre la corruption que doit mener la Banque mondiale.

Le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz a refusé de démissionner dimanche en dépit des accusations de népotisme dont il fait l'objet et que les pays membres de l'institution d'aide au développement, Etats-Unis compris, ont qualifié de "très préoccupantes".

"Je pense que je peux continuer" à remplir les missions de la Banque de lutte contre la pauvreté, a déclaré Paul Wolfowitz lors d'une conférence de presse à l'issue de l'assemblée de printemps des instances dirigeantes de la Banque à Washington. "Je suis déterminé à poursuivre" le travail entrepris au bénéfice des pays africains depuis plusieurs mois, a-t-il ajouté, visiblement très nerveux, en éludant toutes les questions sur l'opportunité de son départ.

Auparavant, les ministres représentants les 185 pays membres de l'institution avaient pourtant sèchement rappelé à l'ordre l'ancien numéro deux du Pentagone, jugeant dans un communiqué "très préoccupante" la polémique en cours. "Nous attendons que la Banque respecte un niveau élevé de gouvernance interne", souligne le texte, co-signé par Washington, qui a pourtant porté en 2005 ce proche du vice-président Dick Cheney à la tête de la Banque mondiale. "Nous devons nous assurer que la Banque puisse exercer de manière efficace son mandat et maintenir sa crédibilité, sa réputation, ainsi que la motivation du personnel", poursuit le texte.

Paul Wolfowitz, 63 ans, est critiqué pour avoir, peu après sa nomination en 2005, octroyé d'autorité une spectaculaire augmentation de salaire à sa compagne, employée par la Banque mondiale. Révélé à l'origine par la presse américaine, cet impair est d'autant plus embarrassant que l'intéressé a fait de la lutte contre la corruption et la "bonne gouvernance" dans les pays pauvres la priorité de son mandat.

Le président de la Banque mondiale a reconnu dimanche qu'il s'agissait d'une "affaire sérieuse" mais a renvoyé la balle dans le camp des 24 administrateurs de la banque, saisis du dossier et seuls habilités le cas échéant à prendre une sanction.

Aucune information n'a filtré dimanche sur la date de la prochaine réunion du conseil d'administration sur le sujet.
Les pays adhérents de la Banque mondiale restent divisés sur l'opportunité de pousser au départ l'intéressé. Si les Etats-Unis ont adhéré au rappel à l'ordre de la Banque mondiale à l'égard de leur protégé, cela ne signifie pas forcément qu'ils sont favorables à son départ, qui serait très embarrassant pour eux.

Les pays européens, qui n'avaient déjà pas apprécié la nomination en 2005 à la Banque mondiale de cet inspirateur de la guerre en Irak, sont de leur côté passés à l'offensive ce week-end. "Nous devons tous répondre aux critères de bonne gouvernance et plus encore les institutions qui demandent ce genre d'efforts à d'autres pays", a déclaré dimanche le ministre espagnol de l'Economie, Pedro Solbes. Cette affaire "a porté atteinte à la Banque (et) n'aurait pas dû se produire", lui a fait écho le ministre britannique au Développement, Hilary Benn. Et le ministre français des Finances, Thierry Breton, a souligné la nécessité pour la Banque chargée d'aider les pays pauvres d'être éthiquement "irréprochable".

De son côté, la Commission européenne, l'un des principaux pourvoyeurs d'aide au développement, s'est dit "préoccupée" par cette affaire, a indiqué son porte-parole pour le développement, Amadeu Altafaj. L'institution européenne a néanmoins émis ce lundi l'espoir que cette affaire ne l'empêcherait pas de poursuivre sa coopération "cruciale" avec la Banque mondiale en matière de développement.

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