Le feuilleton Valeo continue. Le fonds Pardus a annoncé ce matin qu'il est monté à plus de 14% du capital de l'équipementier automobile français Valeo, contre 13,15% précédemment. Pardus, premier actionnaire du groupe français, détient 10,9 millions d'actions Valeo au terme de cette opération qui démontre "la détermination de Pardus" à être un "actionnaire de long terme de Valeo", selon un porte-parole du fonds d'investissement. Cette opération avait déjà été envisagée il y a plusieurs semaines et notifiée à l'AMF.

Ce grignotage du capital n'est pas anodin. A moins de quinze jours d'une assemblée générale des actionnaires - convoquée le 21 mai - déterminante pour l'avenir du groupe, l'équipementier automobile a fait savoir mardi que "deux sociétés majeures et indépendantes de proxy voting", Institutional Sharelholder Services (ISS) et Glass Lewis, avaient "recommandé de voter contre" les propositions du fonds américain Pardus qui détient 13% de l'équipementier automobile et qui réclame huit sièges au conseil d'administration.

ISS met en avant plusieurs éléments pour expliquer ses recommandations, en premier lieu, "le risque de conflit d'intérêt" car Pardus possède également "environ 17,4% de Visteon, un concurrent majeur de Valeo", souligne Valeo dans son communiqué. ISS pointe également "un manque de proportionnalité", la demande de huit administrateurs sur 13 étant "disproportionnée par rapport à sa participation de 13% dans le capital de Valeo".
La société évoque aussi "le risque de division du conseil d'administration" et "l'absence de discussion préalable avec le management de Valeo". Elle recommande en outre "aux actionnaires de voter en faveur des résolutions proposées par Valeo visant à la nomination d'un nombre significatif d'administrateurs indépendants".

De son côté, Glass Lewis estime que les "administrateurs proposés, n'ayant pas le soutien du conseil d'administration, risqueraient de perturber" son fonctionnement "au détriment de l'intérêt des actionnaires", selon le communiqué de Valeo.

La prochaine assemblée générale de Valeo aura à renouveler neuf des onze sièges actuels du conseil d'administration, dont celui du PDG, Thierry Morin. Ce dernier a annoncé qu'il utiliserait "tous les moyens légaux et conformes à la gouvernance d'entreprise" pour empêcher Pardus d'obtenir ces huit sièges, dans l'édition du Financial Times de lundi. Une déclaration qui a depuis été tempérée par la direction de la communication de Valeo qui finalement indique que Valeo "n'a pas l'intention de bloquer le vote de Pardus".