Agriculture : les députés retoquent une mesure pour faciliter l'installation

Les députés réunis en commission ont rejeté dans la nuit de vendredi à samedi le projet porté par le gouvernement de faciliter les groupements fonciers agricoles d'investissements (GFAI). Certains élus ont évoqué les risques de spéculation sur la terre d'une telle mesure.
La Commission s'est réunie dans la nuit de vendredi à samedi.
La Commission s'est réunie dans la nuit de vendredi à samedi. (Crédits : Reuters)

Nouveau coup dur pour l'exécutif après la crise agricole qui a frappé toute la France en début d'année. Le gouvernement a subi un échec dans la nuit de vendredi à samedi en commission à l'Assemblée, sur son projet de créer des "groupements fonciers agricoles d'investissement" (GFAI), pour lever des obstacles à l'installation de nouveaux agriculteurs, revers qu'il pourra tenter de rattraper dans l'hémicycle.

Selon l'exécutif, qui a introduit la mesure dans son projet de loi agricole, ces groupements doivent permettre de lever de l'argent auprès d'investisseurs publics ou privés afin d'acheter des terres, et les louer à de nouveaux agriculteurs, alors délestés du besoin de financer l'achat.

"Dans les cinq à dix années qui viennent, un grand nombre de surfaces agricoles vont se libérer, vont changer de main de propriétaire", a insisté le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, arguant que de plus en plus de terres sortaient du cercle familial, et que les nouveaux arrivants étaient confrontés à des difficultés pour financer l'achat du terrain. Après une réunion cruciale jeudi dernier, le chef de l'Etat a déclaré aux syndicats agricoles qu'« il ne croyait pas à la fin des mouvements » de colère et ne livrerait sa « vision » pour l'agriculture que dans plusieurs mois, ont rapporté plusieurs dirigeants syndicaux.

Lire aussiAgriculture : Emmanuel Macron ne dévoilera sa « vision » que dans plusieurs mois, selon les syndicats

Un « article scélérat »

Le rapporteur général Eric Girardin (Renaissance) avait prévu de soumettre une réécriture de l'article aux députés, face aux craintes soulevées par une coalition d'opposition et certains élus macronistes. Il prévoyait d'insérer davantage de garde-fous, notamment une période de dix ans avant que le groupement puisse revendre la terre, pour limiter les phénomènes de spéculation. Mais les amendements de suppression de l'article ont été adoptés par 24 voix contre 16.

"La priorité du foncier serait de réparer la dérégulation", a déclaré le député socialiste Dominique Potier, quand l'Insoumise Aurélie Trouvé a fustigé un "article scélérat" qui "vise à tuer l'agriculture familiale en faveur de l'agriculture capitaliste".

"On va rendre les agriculteurs locataires à vie d'un outil de production qu'ils ne possèderont plus", a jugé le député RN Grégoire de Fournas. Francis Dubois (LR) et Charles de Courson (Liot) ont tous deux évoqué leur crainte d'un "renchérissement du foncier agricole". "Il n'y aucune intention du gouvernement de déréguler le foncier", a répondu le ministre, soulignant que "l'augmentation du (prix du) foncier est déjà existante". Une nouvelle réécriture de l'article pourrait être proposée pour le passage du texte dans l'Hémicycle, attendu à partir du 14 mai.

Réforme à venir de la fiscalité ?

Le reste de l'examen du projet de loi, qui doit se poursuivre samedi, s'était jusqu'ici passé sans encombre pour l'exécutif. Plus tôt vendredi les députés avaient validé la création d'un nouveau diplôme national de niveau Bac+3 pour former aux métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire.

Il serait proposé "conjointement" par des établissements publics d'enseignement supérieur et des établissements d'enseignement technique agricole "publics ou privés". Ils avaient aussi adopté une série d'articles, notamment pour clarifier les missions de l'enseignement agricole technique public, qui devra prévoir des modules sur la transition agroécologique ou l'agriculture biologique.

Les députés avaient aussi approuvé des orientations à suivre pour les politiques publiques agricoles, avec l'objectif, non contraignant, d'atteindre au moins 400.000 exploitations sur le territoire d'ici 2035.

Alors que de nombreux députés ont déploré l'absence de mesure fiscale dans le texte, -- le gouvernement renvoyant cette question aux débats budgétaires de l'automne --, plusieurs amendements sont venus inscrire dans le texte un objectif pour l'exécutif de réformer la fiscalité sur la transmission des biens et du foncier agricoles.

La création d'un réseau "France services agriculture", sorte de guichet unique départemental devant réunir les services nécessaires pour guider les agriculteurs qui souhaitent s'installer sur le territoire, ou au contraire cesser leur activité, a elle aussi été approuvée.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 04/05/2024 à 21:02
Signaler
Des députés français seraient capables de proposer une solution alors qu'ils sont incapables de voter un budget sérieux, clef de voute d'une démocratie, depuis 50 ans? Ils étaient déjà incapables de se mettre d'accord pour désigner le Président de la...

à écrit le 04/05/2024 à 12:01
Signaler
Bonjour, avec le JO dans moins de 90 jours , les mouvements contestataires ons la vie bien ... Mais je crainds une remise a l'heurs de la situation dans quelques temps... APRES TOus , le président devrait etre chasser du pouvoir a l'élection prési...

le 04/05/2024 à 20:49
Signaler
@rogger - Ben alors mon rogger! Que dis tu mon gars rogger? Dis nous un peu ce qu'il ne faut pas dire parce que sinon on comprend rien à ce qui est dit dans le cadre du non-dit. Pas clair tout ça mon gars Rogger!

à écrit le 04/05/2024 à 11:48
Signaler
C'est pas un coup dur pour Macron mais une nouvelle occasion de dire que les autres sont les responsables... Maintenant les agriculteurs qui avaient la main durant leur grèves la perde Macron joue la montre pour que les JO se passent bien et ne fera...

le 04/05/2024 à 12:02
Signaler
"Où sont les syndicats qui sont censé nous protéger???" Ils militent pour la voiture électrique pour tous.

le 05/05/2024 à 9:11
Signaler
"Où sont les syndicats qui sont censé nous protéger???" Un peu difficile pour eux ,puisqu'ils ont pratiquement tous appelé à voter Macron au second tour de la présidentielle de 2022 alors que la seule mesure de Macron dans son programme c'était la...

à écrit le 04/05/2024 à 11:30
Signaler
Des exploitants agricoles qui ont des terres en fermage cela existe déjà tout comme les gfa ;groupement foncier agricole , vous avez aussi des biens sectionaux qui appartiennent aux communes et sont partagés entre les exploitants .Alors pourquoi donc...

à écrit le 04/05/2024 à 9:57
Signaler
"groupements fonciers agricoles d'investissement" En effet c'était la voie ouverte au grand n'importe quoi car les propriétaires agro-industriels font n'importe quoi, inutile de leur offrir toujours plus d’outils pour faire n'importe quoi.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.