Poutine fait retomber la pression sur le bouclier anti-missile

Moscou propose d'utiliser une installation militaire en Azerbaïdjan plutôt qu'en Pologne. Des "suggestions intéressantes", selon George Bush.

La proposition russe d'utiliser un radar déjà existant dans l'ancienne république soviétique d'Azerbaïdjan dans le cadre du projet de bouclier antimissile américain a pris de court Washington. Assez habilement, Vladimir Poutine a ainsi accepté l'offre de George Bush de coopérer au bouclier, mais en y ajoutant sa touche personnelle. Il s'agirait d'"une utilisation commune de la station de radar (que Moscou loue) en Azerbaïdjan", a-t-il déclaré à la presse à l'issue de son premier entretien en tête-à-tête avec George Bush depuis novembre, en marge du G8 de Heiligendamm.

Un tel système, selon lui, permettrait aux Américains et aux Russes de détecter "immédiatement" un éventuel "essai de tir de missile à longue distance de la part de n'importe quel pays, y compris l'Iran". Quant aux missiles intercepteurs que les Etats-Unis comptent implanter en Pologne, il y a "bien assez de temps" pour les déployer étant donné les capacités actuelles de pays comme l'Iran, a dit le maître du Kremlin.

Face à cela, George Bush s'est contenté de qualifier ces propositions de "suggestions intéressantes". De son côté, son collaborateur, Steve Hadley, a admis que si l'idée n'était pas inconnue des Etats-Unis, il l'entendait pour la première fois avec autant de détails. Il a refusé d'engager la réponse américaine et a commencé à soulever les probables futures réserves américaines. "Notre inquiétude, évidemment, c'est qu'il faut du temps pour mettre en place des systèmes de défense", a répondu Steve Hadley. C'est donc "quelque chose que nos experts militaires doivent étudier", a-t-il poursuivi.

Des discussions vont s'ouvrir rapidement puisque George Bush reçoit Vladimir Poutine dans sa résidence familiale du Maine les 1er et 2 juillet. Les deux pays ont aussi mis sur pied un groupe d'experts chargé d'étudier la proposition russe. Et le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek, s'est pour sa part félicité de la "volonté (de Poutine) de rechercher un accord".

Pour sa part, l'Azerbaïdjan s'est déclaré prêt à engager des négociations avec la Russie et les Etats-Unis pour l'utilisation de sa station-radar de Gabala (200 km au nord de Bakou), a annoncé ce vendredi le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise Elmar Mamediarov.

Enfin, le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a estimé vendredi qu'il était prématuré de juger de l'intérêt de la proposition russe. "Je ne suis pas un technicien, mais je pense que la localisation géographique est différente des choix qu'ont faits les Etats-Unis", a-t-il dit, se référant au projet américain, auquel Moscou est résolument hostile, d'installer un radar en République tchèque et dix missiles antimissiles en Pologne. "Il est un peu tôt" pour dire si un radar azerbaïdjanais "pourrait assumer ce rôle et répondre à la menace. Je crois qu'il est situé un peu près des "Etats voyous" que nous avons à l'esprit", a-t-il ajouté au cours d'un débat à Bruxelles.

Le projet des Etats-Unis d'étendre en Europe centrale et de l'Est leur bouclier antimissile national a été très mal accueilli à Moscou, qui y voit une atteinte directe à ses intérêts stratégiques. Washington n'a cessé d'affirmer que le bouclier vise l'Iran, pays limitrophe de l'Azerbaïdjan, et tout autre pays du Moyen-Orient susceptible d'acquérir dans les années qui viennent une capacité balistique et nucléaire, et non pas l'arsenal russe.

La polémique n'a cessé cependant de s'envenimer ces derniers mois, rappelant la guerre froide. Vladimir Poutine est même allé, en début de semaine, jusqu'à brandir la menace de pointer à nouveau des missiles russes vers l'Occident.

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