Les trois syndicats (FNI, Onsil, Sniil) qui avaient appelé les 60.000 infirmières libérales à faire grève mardi pour protester contre le blocage de leurs tarifs et le manque de reconnaissance de leur métier ont estimé le mouvement "bien suivi" et se sont dit prêts à participer mercredi à des négociations avec l'Assurance maladie.

"Environ 60% des cabinets sont fermés", a déclaré Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), ajoutant que "la mobilisation est bien suivie sur tout le territoire". Le président de l'Onsil, Jean-Michel Elvira, s'est félicité pour sa part d'un mouvement "assez prononcé en régions".

Les 60.000 infirmières libérales, dont 84% sont des femmes, disent se sentir "invisibles", avec des tarifs bloqués depuis des années, ce malgré l'augmentation de leur charge de travail liée au vieillissement de la population et à des délais d'hospitalisations plus courts. Les trois syndicats réclament une revalorisation de leurs tarifs, notamment le prix de leur acte le plus courant "bloqué depuis 2002 à 2,90 euros bruts". Ils souhaitent que ce tarif soit revalorisé de 40 centimes, alors que l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) ne proposerait que 18 centimes. Ils regrettent en outre que les indemnités (dimanche, jours fériés) soient "bloquées depuis 1984", et les frais de déplacement "inchangés depuis 2003 malgré les différentes hausses du coût du carburant".

Ces revendications ont été au centre de négociations entamées avec l'Uncam à la mi-décembre. Toutefois, fin mars, au vu des revalorisations proposées, la FNI, l'Onsil et le Sniil avaient quitté la table des discussions. Les trois syndicats comptent se rendre à la nouvelle séance de négociation prévue mercredi entre l'Uncam et un syndicat minoritaire, Convergence infirmière. "Si demain l'Uncam fait l'effort de consentir une enveloppe de 300 millions d'ueros de rattrapage des honoraires pour 2007-2008, on pourrait vraisemblablement parvenir à un accord", estime Philippe Tisserand.

Les infirmières libérales protestent également contre l'exclusion par les ministères de l'Education nationale et de la Santé du diplôme d'infirmière du système de diplômes européen licence, master, doctorat (LMD). Alors que trois ans et demi d'études sont nécessaires pour obtenir le diplôme d'Etat, celui n'est reconnu qu'au niveau bac+2. Le mouvement a reçu le soutien du PS, de Nicolas Sarkozy, le candidat UMP à l'élection présidentielle, et du syndicat de médecins généralistes MG-France.