Zone euro : les partenaires de la France s'inquiètent de ses déficits

Alors que la monnaie unique se maintient à un niveau record plus de 1,39 dollar par euro et que le pétrole a franchi le seuil des 80 dollars le baril, les ministres des Finances de la zone euro s'efforcent de rassurer quant à la croissance européenne. Ils s'inquiètent malgré tout de la faiblesse de la croissance française et du retard pris par notre pays dans la réduction de ses déficits.

La flambée de l'euro et du pétrole menace-t-elle de faire caler la croissance européenne? "La croissance est vigoureuse en Europe, l'économie est solide, donc nous pouvons faire face" aux nouveaux records de l'euro, a indiqué à Porto le ministre autrichien des Finances Wilhelm Molterer dans le cadre de l'Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro.

Son collègue belge Didier Reynders s'est montré plus mitigé. "Bien entendu nous sommes préoccupés concernant (l'impact sur) de nombreuses exportations, vers les Etats-Unis, vers la Chine aussi", a-t-il dit. "Mais nous sommes capables de résister à de nombreux chocs externes, en premier lieu au choc pétrolier", avec le prix du baril de brut, a ajouté Didier Reynders.

"J'étais plus inquiet à l'époque où l'euro était trop faible que je ne le suis aujourd'hui" alors que la monnaie unique s'approche du seuil de 1,40 dollar, a affirmé pour sa part le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. En octobre 2000, l'euro, lancé 22 mois plus tôt à quelque 1,17 dollar, avait atteint un niveau plancher face au billet vert, à 0,8230 dollar, poussant les principales banques centrales dans le monde à intervenir sur le marché des changes pour stopper le mouvement. Aujourd'hui, une action du même type pour freiner la hausse ne paraît pas d'actualité.

La Commission européenne a revu un peu à la baisse sa prévision de croissance pour la zone euro en 2007, de 2,6% à 2,5%. Concernant l'Europe, le ralentissement semble être particulièrement prononcé en France. "Il y a des soucis en France au sujet de la croissance en ce moment", a ainsi affirmé Didier Reynders. La Commission européenne vient ainsi de ramener de 2,4 à 1,9% sa prévision de croissance pour notre pays en 2007. Même si le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a estimé pour sa part jeudi soir que "pour 2008, on a des chances tout à fait raisonnables d'avoir entre 2 et 2,5%" de croissance après un taux "proche de 2%" cette année.

Du coup, la France a été un peu malmenée lors de la réunion de l'Eurogroupe. "Nous pensons que les ambitions dont la France a fait preuve (en matière de réduction des déficits) ne correspondent pas tout à fait au niveau des attentes qui sont les nôtres", a par exemple affirmé Jean-Claude Juncker. "La France devra renforcer son effort de réduction du déficit" et l'Eurogroupe va continuer d'ici la fin de l'année à surveiller l'évolution de la situation, a-t-il lancé à l'issue de la réunion. Tout en reconnaissant le bien-fondé des réformes lancées par la France, le président de l'Eurogroupe a estimé que "nous pensons que réformes structurelles et amélioration budgétaire doivent aller ensemble". Les autres pays de la zone euro s'inquiètent de la perspective de voir la France repousser de nouveau le retour à l'équilibre budgétaire.

La révision à la baisse de l'inflation de la zone euro pour le mois d'août devrait inciter la Banque centrale européenne (BCE), déjà sous pression dans le contexte de turbulence financière, à maintenir une politique prudente. Le taux d'inflation annuel de la zone euro a légèrement baissé en août par rapport à juillet, à 1,7% contre 1,8%, selon la deuxième estimation d'Eurostat. L'appréciation de l'euro contribuera d'ailleurs à calmer la hausse des prix, une part importantes des produits consommés en Europe - notamment le pétrole - étant commercialisée en dollars.

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