Opération communication ce jeudi matin au siège de L'Oréal. Une conférence de presse officiellement organisée à l'occasion de la création d'une chaire "diversité et performance" à l'ESSEC. C'était aussi une façon de riposter après la récente condamnation par la Cour d'appel de Paris de sa filiale Garnier pour discrimination raciale à l'embaûche.

"Une condamnation ressentie par tous ici comme très injuste parce que tellement en contradiction avec nos valeurs et nos pratiques", expliquait jeudi matin Jean-Paul Agon, directeur général de L'Oréal. "Notre erreur ? On a certainement était trop discret! Nous n'avons pas assez communiqué sur nos pratiques en matière de diversité", a-t-il déclaré. Aujourd'hui, "nous voulons vous prouver que nous sommes exemplaires dans ce domaine".

Les faits remontent à 2000. A l'époque, la filiale Garnier souhaite recruter des animatrices pour des opérations de promotion de produits capillaires. Elle se tourne alors vers la société de travail temporaire Adecco qui confie la campagne de recrutement à Districom (aujourd'hui Ajilon). Les candidats doivent remplir plusieurs conditions: être jeunes, minces et... "BBR" pour "bleu, blanc, rouge", un code raciste selon les employés.

Le 1er juin 2006, les trois sociétés étaient relaxées "dans le bénéfice du doute". Ce vendredi 6 juillet, la Cour d'appel a infirmé le premier jugement, les condamnant à verser 30.000 euros chacune d'amende pour avoir subordonné une embaûche à des critères discriminatoires. L'Oréal a décidé de se pourvoir en cassation.

"La diversité est une force"

Pour Jean-Claude Le Grand, directeur de la diversité de L'Oréal, "la question n'est pas de savoir si un jour, il y a eu un problème dans telle ou telle entreprise. Non, nous, aujourd'hui, ce que l'on souhaite, c'est créer une vraie dynamique" en matière de diversité. "La condamnation, ce n'est pas vraiment le sujet".

Le hasard du calendrier fait parfois bien les choses. L'Oréal organisait ce jeudi une conférence de presse à l'occasion de la création d'une chaire "diversité et performance" à l'ESSEC. Un partenariat reposant sur des valeurs communes: humanisme, innovation et diversité. Soit. La présence de Jean-Paul Agon, directeur général de L'Oréal, ne devait rien au hasard quelques jours après la condamnation de sa filiale pour discrimination à l'embauche.

"La diversité est dans nos gênes. C'est une force. Et nous sommes convaincus qu'elle va nous permettre d'être meilleur que nos concurrents", selon Jean-Paul Agon. Une politique de recrutement variée serait donc une stratégie d'entreprise: "mélanger nos talents est infiniment plus productif".

En guise de preuve, Jean-François Agon rappelle les résultats d'un audit sur le recrutement des cadres du groupe. L'enquête, réalisée en janvier 2007 par Jean-François Amadieu, de l'Observatoire des discriminations, révèle que "les personnes d'origine ethnique différente ont plus de chances que les autres d'être recrutées par L'Oréal. Difficile de faire mieux!". Et les exemples d'initiatives ne manquent pas: la création d'une formation spécifique à la diversité pour les managers, la signature de la charte de la diversité en France en 2004... "Le sujet est encore nouveau. Nous ne sommes qu'au début même si on n'a pas commencé la semaine dernière...", a conclu Jean-Paul Agon.