Le G7 laisse le champ libre à l'euro

Les ministres des finances du G7 se sont contentés d'un communiqué quasiment inchangé sur le marché des changes et n'ont en particulier fait aucune déclaration sur la faiblesse du yen ce week end. Ils laissent le champ libre à l'appréciation de la devise des 13: l'euro a atteint un nouveau plus haut depuis plus de deux ans à 1,3577 dollar ce matin en séance asiatique.

La devise européenne se rapproche chaque jour un peu plus de son record historique atteint le 30 décembre 2004 à 1,3666 dollar. Ce matin en séance asiatique, l'euro a momentanément dépassé les 1,3575 dollar, avant de retomber autour de 1,3550. Et il a atteint un nouveau pic face à la devise japonaise à 162,43 yen. Il fallait s'y attendre: réunis à Washington ce week end, les ministres des finances du G7 n'ont fait aucune déclaration marquante sur les dernières évolutions du marché des devises. Le communiqué final publié le 13 avril se contente de répéter qu'une "volatilité excessive et des mouvements désordonnés des taux de change sont indésirables". Le yen, quant à lui, ne fait l'objet d'aucun commentaire particulier.

Autant dire que les cambistes ont désormais toute latitude pour continuer à pratiquer leur sport favori, qui consiste à emprunter des capitaux dans des devises à rendement faible comme le yen ou le franc suisse pour acheter des titres -majoritairement des emprunts d'Etat - libellés en devises fortes. Selon les statistiques diffusées avec une semaine de décalage par le régulateur des marchés à terme américains, les positions spéculatives à effet de levier (carry trades) atteignent à nouveau des niveaux extrêmes. De quoi, soit provoquer une correction à court terme, soit, ce qui est plus probable, accentuer davantage le mouvement actuel. Des seuils techniques ont en effet été franchis et selon certains stratégistes, l'euro devrait bientôt s'attaquer à son record absolu de 1,3666 dollar. Dans un marché des changes guidé par les différentiels de taux anticipés, l'euro reste en effet avantagé par les perspectives de hausses de taux à venir, contrairement au dollar qui pâtit à la fois du ralentissement de l'économie américaine et de la montée d'un certain protectionnisme.

De plus, à l'exception de la classe politique française, l'envolée de l'euro laisse les observateurs relativement sereins. Pour le gouverneur de la banque centrale néerlandaise, Nout Wellink, un euro fort, reflet de la vigueur de la croissance de la zone, "est dans l'intérêt de l'Europe". Une déclaration cohérente avec la posture adoptée par la Banque centrale européenne. La semaine dernière, celle-ci a expliqué que sa politique monétaire était toujours accommodante et a laissé entendre qu'elle allait relever ses taux de 3,75% à 4% en juin prochain. L'appréciation de l'euro, en durcissant les conditions monétaires pour les économies des 13, "sert" donc les objectifs poursuivis par la BCE. En contrepartie, il est probable qu'elle incitera l'institut monétaire à faire une pause dans le processus de hausse des taux entamé en décembre 2005. Lors de sa dernière conférence de presse, à l'issue du Conseil des Gouverneurs de la semaine dernière, Jean-Claude Trichet a rappelé que la BCE prenait en compte un ensemble de paramètres, dont le niveau de l'euro.

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