Banque Mondiale : Paul Wolfowitz devant le conseil

Ce lundi se tient une une nouvelle réunion du conseil d'administration de la Banque Mondiale qui doit statuer sur le sort de son président Paul Wolfowitz, accusé de népotisme. L'ancien numéro deux du Pentagone, lâché par ses actionnaires, ses employés, et plusieurs organisations non-gouvernementales, a recruté le célèbre avocat américain, Robert Bennett, pour contrer les accusations dont il fait l'objet depuis trois semaines.

Robert Bennett s'est notamment illustré en défendant l'ancien président Bill Clinton lorsqu'il avait été accusé par Paula Jones de harcèlement sexuel, dans les années 90. A charge pour lui de muscler la défense, jusqu'alors plutôt passive, de l'ancien faucon de l'administration Bush. L'affaire porte sur les augmentations de salaires exigée par Paul Wolfowitz pour sa compagne Shaha Riza, également salariée de l'institution.

Après s'être excusé publiquement, Paul Wolfowitz s'était d'abord contenté de répéter qu'il avait agi de bonne foi. Mais sa défense s'est récemment durcie. Dans une lettre adressée à certains membres du conseil d'administration, il a dénoncé le traitement "inéquitable" et "désinvolte", dont il s'estime la victime, selon le New York Times. La contre-attaque de celui qui fut l'un des principaux architectes de la guerre en Irak survient alors que les accusations portées contre lui s'élargissent.

Après avoir mis en cause le rôle de ses proches conseillers, les opposants de M. Wolfowitz critiquent désormais les politiques qu'il a engagées en matière de santé ou d'environnement: elles trahissent, selon eux, un parti pris idéologique, inspiré de la droite conservatrice américaine. "Ils ont des différends politiques avec lui, et il y a des enjeux de pouvoir à l'échelle internationale", estime son nouvel avocat, Robert Bennett, cité par l'Agence France Presse (AFP). "Ils ont ranimé un conflit d'intérêt sans fondement", au lieu de régler ces questions "de façon directe", ajoute ce dernier.

Les administrateurs sont actuellement divisés : plusieurs pays européens estiment que Paul Wolfowitz devrait démissionner mais l'Américain bénéficie de l'appui répété de l'administration Bush qui l'a nommé. Mercredi, le Parlement européen a adopté une résolution signifiant au président de la Banque mondiale "que sa démission serait une mesure appropriée pour éviter que la politique de lutte contre la corruption de la Banque mondiale ne soit menacée". Les responsables de l'Union européenne doivent rencontrer leurs homologues américains lundi à Washington dans le cadre d'un sommet euro-américain.

A l'intérieur de la Banque, le mécontentement persiste. Jeudi, une cinquantaine d'experts chargés de la lutte contre la corruption se sont dits "profondément préoccupés par l'impact de l'actuelle crise touchant la direction de la Banque sur sa crédibilité et son autorité pour mener des discussions avec les gouvernements, les représentants non gouvernementaux et les donateurs dans le cadre du programme de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption (GAC)", dans une lettre ouverte au président et au Conseil.

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