Danse du ventre endiablée pour séduire les centristes

Ségolène Royal envisage la présence de ministres centristes au gouvernement si elle est élue. Nicolas Sarkozy évoque un nouveau parti centriste qui participerait à sa future majorité présidentielle.

Quel bonheur d'être un centriste aujourd'hui en France! Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, chacun avec son propre style, ne ménagent pas leurs efforts pour séduire non seulement les dirigeants de l'UDF, mais surtout les électeurs qui avaient fait confiance à François Bayrou dimanche dernier.

Dans cette optique, la candidate du PS n'a pas hésité, mardi, à envisager, si elle est élue présidente, la présence de ministres centristes au gouvernement, "s'il y a un rassemblement sur (son) pacte présidentiel". A cet effet, elle a proposé à François Bayrou "une séance de travail transparente" sur la base de ce pacte. Mais, dans la même journée, Ségolène Royal a fait applaudir, lors de son meeting de Montpellier, les candidats de gauche et d'extrême-gauche (Laguiller, Voynet, Buffet, Besancenot, Bové) qui lui ont apporté leur soutien après le premier tour. Un grand écart électoral qui risque de donner le tournis aux électeurs socialistes...

De son côté, Nicolas Sarkozy a évoqué mardi la perspective d'une nouvelle formation centriste, qui accueillerait ceux qui se rallieront au candidat de l'UMP et qui contribuerait ainsi à "une nouvelle majorité présidentielle". A son meeting de Rouen, il a en tout cas pu engranger le soutien du maire UDF de la capitale normande, Pierre Albertini, qui a rejoint la dizaine de parlementaires UDF qui ont d'ores et déjà choisi le candidat de l'UMP.

François Bayrou sera-t-il sensible à ces appels du pied insistants? Fort de ses 18%, le leader centriste doit s'exprimer ce mercredi après-midi dans un grand hôtel parisien. Selon les observateurs, il ne devrait pas donner de consigne de vote explicite en faveur de tel ou tel, laissant la liberté de vote aux siens. Mais sera-t-il entendu par les parlementaires qui l'ont suivi jusqu'alors, coincés entre les offres de service socialistes et les menaces de représailles de l'UMP pour les élections législatives de juin? Selon André Santini, député-maire UDF d'Issy-les-Moulineaux, qui a choisi Sarkozy avant le premier tour, d'autres parlementaires attendent l'intervention de François Bayrou pour rejoindre le candidat de l'UMP.

En attendant, dans chaque camp, chacun y va de son commentaire. Dans un entretien au Figaro, Jean-Luc Mélenchon, sénateur PS de l'Essonne, estime que tendre la main à Bayrou, "c'est du temps perdu". "Il n'y a pas de majorité présidentielle possible" avec le candidat centriste, estime le représentant de la gauche du PS.

Ce mercredi matin, l'ancien ministre PS Dominique Strauss-Kahn a souhaité que Ségolène Royal et François Bayrou se rapprochent car il y a "une occasion historique de changer la donne" politique. Le député du Val-d'Oise, invité d'Europe 1, a souhaité qu'ils puissent "se parler, vérifier s'il n'y a pas suffisamment de points sur lesquels ils peuvent avancer ensemble, qui paraissent essentiels à l'un et à l'autre".

Dans 20 Minutes, Pierre Moscovici, ancien ministre PS, plaide pour le rapprochement Royal-Bayrou: "en conscience, vous (les centristes, ndlr) ne pouvez pas voter pour un Sarkozy, déporté largement sur sa droite". "J'ai été centriste pendant plus de vingt ans, lui répond Marc-Philippe Daubresse, ancien ministre UMP. L'humanisme a toujours été au coeur du discours de cette famille politique. Les centristes doivent donc apporter leur coeur et le combiner à l'énergie de Sarkozy."

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