Le conflit avec son partenaire chinois dans Wahaha pourrait fragiliser Danone

Depuis de nombreux mois, le groupe français est confronté à un important conflit avec son principal partenaire chinois. Un éventuel échec sur ce dossier pourrait fragiliser Danone et relancer la spéculation sur une évolution capitalistique du groupe agroalimentaire dirigé par Franck Riboud.

Les divorces ne sont jamais très simples à organiser. Danone en sait quelque chose, le groupe étant confronté depuis plusieurs mois maintenant à un conflit avec son principal partenaire chinois au sein du groupe Wahaha, co-entreprise fondée en 1996. Malgré la violence des propos des deux parties et les actions en justice, les marchés ne sanctionnent pas l'action Danone qui résiste bien.

Certes, il est vrai que Danone contrôle trois des cinq sièges du conseil d'administration de la co-entreprise, dont il détient par ailleurs 51% du capital. Mais le marché chinois est stratégique pour le groupe français et Wahaha en est sa pièce maîtresse. La société que Danone détient avec Zong Qinghou représente 8,5% du chiffre d'affaires global du groupe français dirigé par Franck Riboud, soit 1,2 milliard d'euros. C'est de très loin le plus gros du business (environ 70%) de Danone en Chine. Un pays qui est aujourd'hui le troisième marché du groupe français après l'Hexagone et l'Espagne. Il ne cesse de prendre du poids, porté notamment par la bonne santé du secteur boisson.

Plus important sans doute le fait que dans un pays comme la Chine, pas question de faire du business sans des appuis locaux, qui permettent de mieux appréhender les rouages du système. Or, cette brouille entre Danone et son ex allié dans Wahaha embarrasse les autorités chinoises car dans ce dossier s'entremêlent des enjeux économiques et des considérations juridiques. Sans oublier les manipulations. Pékin espère négocier un apaisement entre les deux "partenaires" afin de rassurer les grands groupes étrangers, qui guettent avec inquiétude l'évolution de la crise.

Après des mois de bras de fer avec le patron de Wahaha, Zong Qinghou, Danone a annoncé jeudi sa "démission" des coentreprises, une version contestée par Zong Qinghou qui affirme ce vendredi avoir été poussé au départ par la "tyrannie" et la "calomnie". En remplacement du patron du fabricant de boissons chinois, le groupe français a nommé à titre provisoire son responsable de la zone Asie, Emmanuel Faber, qui a fait part de sa volonté de continuer à "développer les joint-ventures chinoises Wahaha", détenues à 51% par Danone.

Le groupe alimentaire a dénoncé en effet l'utilisation de la marque Wahaha, par Zong Qinghou, "en violation de leurs accords" selon Danone, qui affirme que leurs coentreprises en ont le droit exclusif. En retour, Zong Qinghou a accusé Danone de vouloir absorber des sociétés lui appartenant.

Quel avenir pour Danone? "Dans le meilleur des cas", soulignent les analystes de CM CIC (groupe Crédit Mutuel), le départ de Zong Qinghou permettra une "renégociation du cadre des accords et un apaisement des relations" avec le groupe chinois mais, "dans le pire des cas", le conflit se soldera par une "rupture et une sortie des coentreprises".

En revanche, "l'enlisement du conflit ou la concrétisation (du pire) scénario remettrait en partie en cause la stratégie du groupe et son mode de développement dans les pays émergents", souligne la maison de courtage, d'autant que Danone fait par ailleurs l'objet de poursuites lancées par son partenaire indien, Wadia Group. Toutefois, ajoutent les analystes de CM CIC, un éventuel échec de Danone en Chine "pourrait paradoxalement, via l'impact sur le cours et un moindre soutien au management, relancer la spéculation sur une évolution capitalistique" du groupe alimentaire français.

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