L'enquête sur le dossier français "pétrole contre nourriture" est bouclée

Des responsables de Total, dont Christophe de Margerie, sont mis en examen dans cette affaire de détournement des fonds destinés au programme onusien en faveur de l'Irak. Des diplomates et des hommes politiques, dont Charles Pasqua, sont également poursuivis.

Le juge Philippe Courroye a mis fin la semaine dernière à ses investigations dans le dossier dit "pétrole contre nourriture", annonce ce jeudi l'AFP, citant une source proche du dossier. Environ une quinzaine de personnes sont mises en examen dans ce dossier, dont plusieurs cadres de Total et l'actuel patron du groupe, Christophe de Margerie.

Des personnalités françaises soupçonnées d'avoir touché des commissions occultes sous forme de barils de pétrole, dont l'ancien ministre Charles Pasqua, et les ex-diplomates Jean-Bernard Mérimée et Serge Boidevaix, sont également poursuivies. Cette instruction, ouverte à Paris en 2002 sur des faits d'"abus de biens sociaux" au préjudice de Total, a débouché dans le courant de l'année 2005 sur les contournements du programme onusien "pétrole contre nourriture" dans l'Irak de Saddam Hussein, entre 1996 et 2003.

Christophe de Margerie est poursuivi depuis octobre 2006 pour "complicité d'abus de biens sociaux et complicité de corruption d'agents publics étrangers". La justice soupçonne des dirigeants du pétrolier d'avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des marchés. "Tous les barils acquis par la compagnie, sans aucune exception, l'ont été officiellement avec les autorisations prévues par l'Onu", avait alors indiqué un porte parole de Total.

Selon des documents recueillis fin mars-début avril 2005 à New York par le juge Courroye auprès de la commission d'enquête indépendante de l'ONU dirigée par Paul Volcker, le nom de Charles Pasqua est notamment cité comme ayant été l'un des bénéficiaires de la manne pétrolière. Des personnalités - hommes d'affaires, diplomates ou politiques - venant de nombreux pays du monde, notamment de France, Russie ou bien Grande-Bretagne, ont été épinglées par la commission Volcker comme ayant bénéficié de bons de pétrole.

Le juge Courroye, qui prendra ses fonctions de procureur de la République de Nanterre le 25 avril, devra transmettre la procédure à l'un de ses collègues du pôle financier. A charge pour le magistrat désigné de signer, après le réquisitoire du parquet, une éventuelle ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel.

Dans l'enquête française sur "pétrole contre nourriture", le juge Courroye, qui cherchait à connaître les conditions de l'attribution des barils de pétrole à des personnalités étrangères, a entendu en mai 2006 l'ancien ministre irakien Tarek Aziz dans sa prison de Bagdad. Il avait également demandé à entendre Saddam Hussein, ce qui n'a pas été possible. En outre, le juge Courroye devra laisser à son successeur une information judiciaire, toujours en cours, visant quarante entreprises françaises soupçonnées d'avoir versé des commissions au régime de Saddam Hussein, également dans le cadre de "pétrole contre nourriture".

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