Pour la première fois depuis sa création, la monnaie européenne a franchi ce mardi le seuil symbolique de 1,60 dollar, à 1,6019 dollar. L'euro, qui était encore à 1,50 dollar en début d'année, a successivement franchi depuis de nouveaux plus hauts alors que le billet vert continue de s'affaiblir.

La faiblesse du dollar a une autre conséquence de taille sur les cours du pétrole. Ainsi, dans le sillage de l'euro, les cours de l'or noir ont battu record sur record. Ce mardi, le baril de WTI a franchi pour la première fois les barres successives de 118 et 119 dollars à New York, frôlant même les 120 dollars, à 119,72 dollars ! Simultanément, le Brent a franchi à Londres les barres des 115 et 116 dollars le baril et s'approche des 117 dollars, à 116,75 dollars.

Lundi, le baril de WTI avait déjà établi un record à 117,83 dollars, tandis que le Brent s'établissait à 114,86 dollars.

Les prix du brut sont dopés par un ensemble de facteurs qui vont des nouveaux sabotages intervenus sur des installations pétrolières au Nigeria jusqu'à la faiblesse du dollar. Cette flambée du pétrole, qui se poursuit jour après jour, suscite de plus en plus d'inquiétudes. Réunis jusqu'à ce mardi pour le Forum international de l'énergie à Rome, les ministres du Pétrole de pays consommateurs et producteurs se sont ainsi dits "préoccupés" par l'envolée des prix du brut, mais ont estimé que les ressources en hydrocarbures étaient "suffisantes".

"Les prix du pétrole devraient se situer à des niveaux acceptables tant pour les producteurs que pour les consommateurs, afin d'assurer la croissance économique mondiale, notamment dans les pays en développement", ont souligné les ministres dans une déclaration finale. "La demande mondiale d'énergie va croître significativement au cours des décennies à venir" mais les ministres ont jugé que les ressources pétrolières et gazières étaient "suffisantes pour répondre aux besoins mondiaux au cours des prochaines décennies".

Plus tôt dans la journée, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui représente les pays consommateurs, n'a pas exclu que les prix élevés du pétrole conduisent à une récession mondiale. Interrogé sur l'éventualité d'une récession provoquée par la flambée des prix du brut, le directeur général de l'AIE, Nobuo Tanaka, a répondu: "C'est possible."

L'Opep va augmenter capacité de production de 5 millions de barils par jour d'ici 2012
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va augmenter sa capacité de production de 5 millions de barils par jour d'ici à 2012 et de 9 millions d'ici à 2020, a indiqué mardi son secrétaire général, Abdallah el-Badri, à Rome. L'Opep produit environ 32 millions de barils de brut par jour à l'heure actuelle. La hausse des coûts de production, due à l'inflation des salaires et des coûts d'équipements a atteint 50 à 60% ces deux à trois dernières années, a-t-il précisé: "c'est pourquoi les prix élevés du pétrole ne sont pas vraiment une aubaine pour les producteurs", a-t-il commenté. Cette forte hausse de coûts pourrait perturber les plans d'investissement et entraîner un retard d'environ un an sur ces prévisions, a-t-il précisé devant quelques journalistes en marge du Forum international de l'Energie à Rome, qui termine ce mardi. Abdallah el-Badri a ajouté que la marge de production excédentaire était actuellement de 3 millions de barils par jour (mbj). Le président de l'Opep, l'algérien Chakib Khelil, avait lui affirmé ce week-end que la capacité de production excédentaire du cartel était à l'heure actuelle de seulement 2 mbj.