Essai automobile- Jeep Cherokee 2,8 CRD : un gros rustaud

L'Américain est un vrai baroudeur, simple et solide. Destiné aux amateurs de tout-terrain, il ne pourra rivaliser sur la route avec les derniers 4x4 à la mode, bien plus civilisés.

Non, ce n'est pas un 4x4 de plus pour rivaliser avec les Volkswagen Tiguan, Renault Koleos ou autres Ford Kuga, sages véhicules développés sur des bases de berlines, à peine surélevés, dotés de carrosseries de faux baroudeurs et destinés avant tout à une sage utilisation urbaine et routière. Au contraire, le Jeep Cherokee est un Américain rustaud, plein de bonne volonté mais pas très bien élevé et assez brutal. Un vrai "light truck" à la sauce yankee.

Vu sous cet aspect, l'engin est éminemment sympathique. Avec sa carrosserie massive et carrée, son pare-brise presque droit à l'ancienne, son intérieur plutôt rustique avec des plastiques bas de gamme mais correctement assemblés, coupés à angles droits, il ne fait pas beaucoup de concessions à la mode. Tant mieux pour l'originalité, l'excellente accessibilité à bord et la simplicité d'utilisation. Un regret: l'absence de repose-pied gauche pour le conducteur.

A la conduite, il faut oublier la tenue de route fine d'un Toyota Rav4, le confort douillet d'un Nissan X Trail, la douceur générale d'un Honda CRV. Le Cherokee trépide en effet allègrement à cause de son essieu arrière rigide, inflige quelques ruades sur les creux ou les bosses, et suit sa trajectoire sans trop de précision. Mais, avec la possibilité de rouler en quatre roues motrices permanentes, le véhicule n'est nullement dangereux ni désagréable. Il se conduit simplement un peu comme une camionnette, pas comme une berline actuelle. Il diffère de ce à quoi nous ont habitués les récents 4x4 civilisés.

Le gros moteur diesel puissant mais handicapé par le poids et la boîte automatique un tantinet lente (sur notre version d'essai, en option à 1.500 euros) obligent en outre à un délicat dosage de l'accélération. On est tenté d'appuyer à fond pour ébrouer le véhicule. Mais, comme la puissance arrive avec du retard, on a en général déjà besoin de freiner quand la voiture se met enfin à accélérer. Bref, on fonce un peu au jugé. On s'y habitue néanmoins.

En fait, après un moment d'apprentissage pour dompter les réactions de la bête, nous avons ressenti beaucoup de plaisir à la mener, un peu comme avec un cheval rétif que l'on finit par apprivoiser. Les sensations sont réelles et, finalement, la bête plus obéissante que prévu au premier abord. Une vraie personnalité, face à la plupart des voitures actuelles interchangeables entre elles, insipides, et dont la conduite tient plus du maniement du clavier d'ordinateur que du pilotage.

Avec sa gamme de vitesses courtes, ses suspensions aptes aux utilisations les plus sévères, sa garde au sol élevée, le Cherokee aime être traité à la dure, sur de méchants terrains où il passe sans sourciller. Pour apprécier cette Jeep très typée, il faut donc avoir l'usage d'un 4x4. Pour parader en ville ou passer les vacances en famille dans le Lubéron ou à Chamonix, ce n'est pas l'idéal. En revanche, les vrais aventuriers, amateurs de grands espaces, aimeront... C'est notre cas.

Offert à un prix contenu - la simplicité coûte moins cher -, le véhicule est bien équipé, avec même quelques prévenances comme un siège électrique conducteur qui s'avance et recule automatiquement pour une meilleure accessibilité en version haut de gamme Limited. Nous conseillerons cependant le modèle Sport, déjà doté de l'essentiel, à 29.900 euros, soit 5.100 de moins que la Limited. La transmission automatique est vivement recommandable. En revanche, la consommation est excessive sur toutes les versions, à cause essentiellement du poids (12 litres aux cent avec beaucoup de ville).

Modèle essayé: Jeep Cherokee 2,8 CRD Ltd: 35.000 euros (+ 1.600 de malus)
Puissance du moteur: 177 cv
Dimensions: 4,50 m.(long) x 1,84 (large) x 1 ,74 (haut)
Qualités: aptitudes 4x4, engin simple et solide, allure de baroudeur, prix
Défauts: comportement imprécis, boîte lente, consommation
Concurrentes: Nissan X Trail dCi 173: 35.400 euros, Kia Sorento CRDI 170 Shilton: 38.790 euros, Land Rover Freelander Td4 HSE: 40.200 euros
Note: 12 sur 20

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