Des jardins publics remplis de chinois guidés par une gestuelle précise et lente, semblant se battre avec un ombre dans un ballet harmonieux : une des images les plus couramment vues en Chine. Sur ces images, ces "gymnastes" de la lenteur sont souvent des gens âgés, leurs visages empreints de calme et de sérénité démontrent à l'évidence une sagesse orientale.

Image d'Epinal, image caricaturale, image fausse ! 7% des chinois urbains pratiquent un sport traditionnel (Yoga, méditation, Tai Chi ...), c'est peu, mais 7% de 1,5 milliard, cela fait largement de quoi remplir les jardins publics ... et les appareils photo des touristes.

Pour autant, il serait faux de croire que ces sports traditionnels ne sont plus pratiqués que par les plus âgés. En 2005, les moins de 20 ans étaient seulement 3% à les pratiquer au moins une fois par mois, ils sont aujourd'hui 8%. En 2005, 3% des chinois urbains pratiquaient ces sports, soit moins de la moitié des pratiquants d'aujourd'hui. Ce renouveau n'est pas neutre. Dans des villes chaotiques, sous une pression professionnelle constante dans un environnement changeant à grande vitesse, de plus en plus de Chinois cherchent, dans ces sports traditionnels, un équilibre, un bien être et un apaisement.

L'aspect traditionnel, profondément ancré dans des traditions millénaires peut aussi expliquer ce nouvel engouement relatif. Dans des villes construites et rythmées "à l'occidental", et dans lesquelles les vestiges du passé s'effondrent sous les nouveaux quartiers d'affaires, les néo- urbains peuvent en effet se sentir en perte de repères sino-chinois.

Il ne faut pas non plus oublier que ces sports sont avant tout des arts martiaux hérités de traditions guerrières et développés, à l'origine, pour entraîner les combattants et développer l'équilibre, le calme et la concentration, autant de qualités essentielles au combat. "Soyez calme et discipliné, attendez le désordre chez l'ennemi. C'est l'art de la retenue."[1] La guerre que mène la Chine aujourd'hui est économique, ses généraux sont devenus des managers et leurs régiments des collaborateurs.

[1] Sun Tzu, l'Art de la Guerre