Christian Noyer juge "un peu optimiste" la prévision de croissance du gouvernement

Le gouverneur de la Banque de France estime que la croissance française devrait se situer "dans le bas de la fourchette" de 1,5 à 2% en 2008, contre une prévision du gouvernement comprise entre 1,7 et 2%. Il indique que la BCE pourrait relever ses taux pour ramener l'inflation sous les 2%.

"Un peu optimiste": voila comment est qualifiée ce mardi la prévision de croissance du gouvernement pour 2008 par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer. Alors qu'on prévoit au sommet de l'Etat une croissance comprise entre 1,7 et 2%, il a estimé pour sa part sur les ondes de RTL que l'activité économique du pays devrait plutôt se situer "dans le bas de la fourchette" de 1,5 à 2%.

"Les prévisionnistes tournent autour de 1,5%, donc on sera quelque part entre 1,5% et 2%, peut être plus près du bas de la fourchette", a-t-il indiqué. Lundi soir, le gouverneur de la Banque de France avait déjà annoncé que l'acquis de croissance à la fin du premier semestre devrait être de 1,4%, estimant que le premier trimestre avait été "très bon".

Principale inquiétude pour Christian Noyer, qui siège également au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE): l'inflation, qui a atteint un niveau record de 3,6% en mars dans la zone euro et de 3,2% en France. Le responsable a ainsi indiqué que la BCE bougera, "s'il le faut" ses taux d'intérêt pour ramener l'inflation sous les 2% l'année prochaine. Elle serait prête, autrement dit, à les relever pour enrayer les tensions inflationnistes.

"Le grand problème, c'est d'assurer que l'inflation revienne sous les 2% l'année prochaine", a-t-il estimé, ajoutant: "Nous ferons ce qu'il faudra pour ça, (...) s'il le faut, nous bougerons les taux d'intérêts, pour l'instant nous maintenons les taux d'intérêt à 4% parce que ça nous paraît le niveau approprié".

Christian Noyer a de nouveau mis en garde les chefs d'entreprise contre une hausse des salaires, qui pourrait selon lui entretenir l'inflation, demandant à ce que de telles augmentations soient conditionnées à des hausses de productivité.

"Nous avertissons tous les chefs d'entreprises qu'ils ne doivent pas faire évoluer les salaires, les marges, comme si l'inflation devait rester à 3,5%, il faut se caler sur notre objectif qui est de moins de 2%", a-t-il déclaré. "Le pouvoir d'achat, ça se gagne par le travail et la productivité. Si les entreprises font des gains de productivité (...), à ce moment-là, on peut et il faut distribuer des salaires".

Pour autant, le gouverneur de la Banque de France s'est voulu rassurant. "Nous avons en ce moment une poussée d'inflation, il faut se garder de penser que l'inflation est de retour", a-t-il estimé, expliquant que cette hausse des prix, due au pétrole et aux produits alimentaires, n'avait "rien à voir avec la France ou la zone euro".

"Sauf à imaginer que le prix de ces matières premières continue à monter indéfiniment, et ruine l'économie mondiale, et de toute façon les prix retomberaient puisque personne ne consommerait plus, (...) c'est impossible que ça continue comme ça", a conclu Christian Noyer.

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