De plus en plus d'Américains perdent leur maison

Faute de pouvoir rembourser leur prêt immobilier, de nombreux ménages américains voient les banques reprendre leur logement. Les saisies ont atteint un niveau record au dernier trimestre de 2007.

Selon les données rendues publiques hier soir par l'association des banquiers hypothécaires (la MBA), au quatrième trimestre de l'an dernier, 0,83% des prêts hypothécaires aux Etats-Unis sont entrés dans une procédure de saisie immobilière. Une hausse de 0,05 point sur un trimestre et de 0,29 point sur un an. C'est le niveau le plus élevé enregistré depuis que la MBA a commencé à compiler ces données, en 1985. Au total 2,04% des prêts immobiliers étaient en cours de saisie au quatrième trimestre (+0,85 point sur un an), un niveau également record.

Les images ont déjà fait le tour du monde: des familles américaines, souvent noires ou hispaniques, se retrouvent dans la rue, entourées des cartons de leurs maigres affaires. Que s'est-il passé?

Comme beaucoup d'autres, ces Américains ont voulu profiter des taux bas, il y a quelques années, pour s'acheter leur "home sweet home". Sans pour autant savoir s'ils pourraient rembourser régulièrement les mensualités de leur prêt immobilier. Mais l'affaire était soi disant sans risque. Et se fondait sur le raisonnement suivant: certes, les mensualités pouvaient être difficiles à verser, mais l'optimisme ambiant aidant, les ménages estimaient que leur situation ne pouvait que s'améliorer. Sur le plan de l'emploi en particulier. Et de toute façon, si les choses se dégradaient pour eux, ils pourraient toujours revendre leur maison. Avec un joli profit, puisque les prix ne cessaient de grimper.

En fait, ce seraient les organismes prêteurs qui le feraient, puisque la majorité des prêts aux Etats-Unis sont des prêts hypothécaires. Toujours est-il que l'affaire ressemblait à une martingale. Impossible de perdre. Et voilà que les choses ont pris une autre tournure. Avec la saturation du marché de l'immobilier -les nouvelles constructions excédant au final la demande de la part des particuliers- associée aux premières impossibilités de rembourser les prêts de la part des ménages, les prix immobiliers ont commencé à baisser.

Impossible, dans ces conditions, d'espérer revendre sa maison avec un profit, que l'on puisse payer les traites ou non. Le piège venait de se refermer sur les ménages américains les plus fragiles. Ceux dont les revenus sont faibles, qui sont plus susceptibles de perdre leur emploi.

De fait, la situation s'est particulièrement dégradée dans le secteur des prêts hypothécaires à risque (les subprimes). Ces prêts, alléchants pour les particuliers aux revenus limités, étaient assortis d'un taux d'intérêt faible, en général pour les deux premières années. Mais les deux premières années seulement. Ensuite, les prêteurs se rattrapaient, en augmentant les taux. En suivant l'évolution des taux d'intérêt.

Au dernier trimestre de 2007, 5,29% de ces prêts à taux variable n'ont pu être honorés, entraînant une procédure de saisie immobilière. C'est 0,57 point de plus qu'au trimestre précédent. Cela dit, ces subprimes ne représentent que 7% seulement de l'ensemble des prêts, mais 42% de ceux acculés à la procédure de saisie au quatrième trimestre de l'an dernier.

Certains états sont plus touchés qu'autres. La Californie et la Floride ont ainsi compté à elles deux pour 30% des nouvelles procédure de saisie, alors qu'elles ne représentent que 21% de l'encours des prêts hypothécaires, selon l'association des banquiers hypothécaires.

Les chiffres rendus publics jeudi soir n'ont fait que confirmer ce que tout le monde savait déjà. La crise n'est pas encore terminée sur le marché de l'immobilier. Du coup, les professionnels de la finance, à Wall Street, déjà à cran sur ce sujet, ont poussé l'indice phare de la bourse américaine vers le bas.

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