Le dollar ne cesse de s'affaiblir. Ce jeudi matin, l'euro a de nouveau battu un record face au billet vert, atteignant même 1,5625 dollar avant de se replier vers 1,56 dollar. Le billet vert est également tombé sous les 100 yens pour la première fois depuis le 10 novembre 1995, à 99,87 yens pour un dollar.

Face à cette dérive du billet vert, le président américain George Bush, que l'on avait peu entendu sur le sujet, s'est prononcé mercredi soir en faveur d'un dollar plus fort. Une déclaration qui a réjoui ce jeudi le président de l'Eurogroup, Jean-Claude Juncker. L'euro fort sera également à n'en pas douter la grande préoccupation des ministres des Finances de l'Union Européenne qui se réunissent ce jeudi et vendredi à Bruxelles.

Il faut dire que l'affaiblissement de la monnaie américaine a pris des proportions devenues presque incontrôlables, avec des records de l'euro face au dollar devenus quasi quotidiens. Rien que mercredi, l'euro a ainsi dépassé pour la première fois le 1,55 dollar, enregistrant un nouveau record face au billet vert à précisément 1,557 dollar, et enfonçant par là même son record de la veille (1,5495 dollar).

Alors que le dollar avait connu une petite journée de répit à la suite de l'annonce d'une action concertée des banques centrales, la monnaie européenne a profité mercredi de bons indicateurs, comme celui de la production industrielle de la zone euro, qui a rebondi en janvier, et du niveau plus élevé qu'attendu de l'indicateur Zew des attentes des milieux financiers en Allemagne, publié mardi.

Les craintes de récession aux Etats-Unis continuent également de mettre la pression sur la devise américaine. Le marché s'attend en outre à ce que la Réserve fédérale américaine abaisse à nouveau ses taux d'intérêt, selon les analystes.

"Les marchés ne fonctionnent pas correctement en ce moment", reconnaît d'ailleurs Lorenzo Bini Smaghi, membre du directoire de la Banque centrale européenne, dans un entretien au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). "Nous devons nous assurer qu'ils fonctionnent à nouveau correctement", "nous devons empêcher que les marchés s'assèchent complètement", lance-t-il.

Selon lui, un retour à la normale sera un travail de longue haleine. "Il y a de nombreuses craintes que les acteurs du marché aient un problème de liquidités. Par conséquent, la prime de risques augmente et les marchés s'assèchent", estime-t-il. Pour autant, "nous ne devons pas céder à la panique", affirme Lorenzo Bini Smaghi, qui fait valoir qu'en dépit de la crise financière, "l'économie réelle est restée relativement forte et que le système bancaire est toujours en mesure de fournir les entreprises en crédit".

Dans la foulée de ce nouvel accès de faiblesse du dollar, les cours du pétrole continuent eux même de battre des records. Ce jeudi, le baril WTI a touché 111 dollars. A Londres, le baril de Brent s'est établi à un plus haut historique, atteignant 107,88 dollars.

Autre valeur refuge du moment : l'or a touché lui aussi un nouveau record et atteint même le seuil symbolique des 1.000 dollars l'once sur le Comex à New York.