La nationalisation de Northern Rock sur les rails

Cette première opération du genre en Grande-Bretagne depuis 1971 suscite une vague de critiques tant de la presse que de l'opposition et du conseil d'administration de la banque. Le Premier ministre Gordon Brown défend le bien-fondé de cette nationalisation.

Le chancelier de l'Echiquier Alistair Darling doit présenter cet après-midi au parlement le projet de nationalisation de la banque Northern Rock, celle-ci devant être effective d'ici quelques jours. Mais d'ores et déjà lors de sa conférence de presse mensuelle organisée à Downing Street, le Premier ministre Gordon Brown, le chancelier à ses côtés, accablé de critiques, a tenté ce matin de défendre la gestion de ce dossier.

Selon lui, le gouvernement a pris les "bonnes décisions", estimant qu'il avait bien fait de prendre le temps de la réflexion, pour justifier les cinq mois qu'il lui a fallu avant de trancher sur le dossier. Il a nié que les conseillers du gouvernement lui aient recommandé la nationalisation dès l'automne dernier, quand la banque a commencé à avoir des ennuis. Enfin, Gordon Brown s'est voulu rassurant sur le fait que la place de Londres, en dépit de cette affaire, garderait sa réputation de place "prééminente".

Annoncée par surprise dimanche, la décision du gouvernement travailliste suscite néanmoins une vague de critiques, tant de la part de la presse que de l'opposition. Au sein de cette dernière, le chancelier fantôme conservateur, George Osborne, a dénoncé une opération qui ramène la Grande-Bretagne "dans les années 70". La plupart des journaux ont également fait montre de sévérité à l'égard du gouvernement. Le Daily Telegraph a par exemple mis en garde sur "le coup sévère subi en matière d'économie par Gordon Brown".

De son côté, le conseil d'administration de la banque s'est dit très déçu que le gouvernement ait rejeté les offres de reprise de l'établissement, dont l'une était présentée par la direction elle-même, et qu'il ait opté pour sa nationalisation.

Deux candidats avaient déposé une offre de reprise début février: un consortium mené par le conglomérat Virgin du milliardaire Richard Branson, et un dirigeant de Northern, Paul Thompson, ancien directeur général de la compagnie d'assurances Resolution, qui avait pris la tête d'un plan de redressement monté par le conseil d'administration de la banque. Virgin dès dimanche a également fait part de sa déception. "Nous pensons que la nationalisation n'est pas la bonne réponse et qu'une solution commerciale aurait été la meilleure voie", a estimé Richard Branson.

Enfin, les actionnaires de la banque - dont la compensation financière risque d'être minime - ont également critiqué l'opération, menaçant de la combattre en justice.

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