La Reine Pédauque redore son blason

On ne trouve les vins de la Reine Pédauque qu'en grande distribution. Son travail de fond sur l'approvisionnement et la qualité des baies récoltées repositionne l'image de l'entreprise qui avait beaucoup pâti de son laisser-aller.

En terme de notoriété, la Reine Pédauque n'a pas de souci à se faire. La marque est connue et même bien connue. En terme d'image cependant, la marque est descendue fort bas. Elle était même "complètement mazoutée", pour reprendre l'image de son nouveau directeur général Benoît Goujon. Le vin et le mazout, on le sait, ne font pas bon ménage. Il a fallu un travail de fond pour redonner à cette vieille marque, la réputation à laquelle elle pouvait prétendre.

Cette tâche a été accomplie par Ludivine Griveau, jeune oenologue qui a rejoint la maison en 2004, et qui a travaillé d'arrache-pied avec les viticulteurs. "Nous organisons au moins cinq visites par an, explique-t-elle. D'abord au débourrement, quand les premières feuilles de la vigne pointent ou s'élancent. Cette année, nous avons constaté trois ou quatre feuilles étalées dans le mâconnais mais des pointes vertes en bas des collines". Cette première visite donne une idée de l'état d'avancement du vignoble. Une seconde intervient lorsque la vigne est en fleur. "Elle nous permet de donner des consignes de travail aux viticulteurs, notamment sur la suppression des gourmands", note Ludivine Griveau. Une autre visite a lieu au moment de la fermeture de la grappe puis une autre à la véraison, lorsque le raisin prend sa couleur de fruit mûr. Enfin, une dernière visite avant la récolte permet de préparer au mieux les vendanges: date précise, nombre d'équipiers pour un tri sur place ou vendange des meilleurs raisins. Ces critères varient avec chaque parcelle. Comme la Reine Pédauque compte une centaine de fournisseurs, Ludivine Griveau se lève souvent tôt pour aller dans les vignes avec son petit calepin.

Sa mission la plus importante? Convaincre les viticulteurs de vendanger au bon moment et ce ne fut pas simple. "Pour faire de bons vins, il faut être sûr de la maturité de son raisin et parfois, cela se joue sur une période de quatre jours, souligne Ludivine Griveau. Expliquer à des viticulteurs engagés dans une course contre la météo qu'il faut prendre un peu plus de temps est souvent difficile". Cependant, les plus récalcitrants des débuts sont maintenant convaincus de la démarche. "Une fois par an, nous invitons nos fournisseurs pour goûter le vin que nous avons élevés avec leur raisin, confie Benoît Goujon. Ils adorent et cela permet de resserrer nos liens". Cette fête du goût -prévue pour le 15 mai- témoigne du chemin parcouru par la Reine Pédauque au cours des cinq dernières années. Autrefois, le négociant achetait le vin, le mettait en bouteille et était totalement à la merci de ses fournisseurs. Aujourd'hui, il achète moûts et raisins et élève lui-même ce qu'il vend. Cette démarche s'est accompagnée d'investissement conséquents, de l'ordre de 0,5 à 1 million d'euros par an, principalement en cuverie et en contrôle de température. Et depuis qu'elle est arrivée, Ludivine Griveau exige d'avoir des caves propres, faisant une guerre sans merci aux moisissures. Adieu folklore, bonjour modernité. Précisons que les vins de la Reine Pédauque ne sont vendus qu'en grande distribution (Carrefour, Auchan, Leclerc, Cora, Monoprix, Système U).

Et au palais, qu'est-ce que cela donne ? Beaucoup de bonheur. Prenons le Chardonay "Réserve" que l'on peut trouver aux alentours de 9 euros en grande distribution. Voilà un assemblage de vins issus de la Côte de Beaune (50%, parcelles situés sur les communes de Meursault, Puligny et Chassagne), du Maconnais (45%) et de la Côte de Nuit. Les vins provenant de la Côte de Beaune ont passé 8 mois en fût (10% fût neuf, le reste en fût d'un vin). Cet élevage apporte une touche de sucrosité et de vanillé à l'ambiance minéral des vins du Maconnais. Ce vin exprime toute sa richesse au bout d'un quart d'heure et témoigne d'un travail particulièrement soigné.

Avec le Chassagne-Montrachet 2006, on parvient à un sommet (33 euros). D'abord avec le plaisir des yeux qui glissent sur une robe somptueuse à la teinte or vert. Puis le nez, riche à souhait, vous fait voyager parmi des arômes d'agrumes, de brioche au beurre, de fleurs d'acacia et d'amande. La bouche vogue entre le gras et l'acidulé. Pour l'accompagner, Ludivine Griveau recommande un Comté.

Les rouges ne sont pas mal non plus. Le Volnay 2006 offre une voltige de senteurs (22,50 euros). La bouche est franche puis évolue sur des saveurs de fruits épicés. A Pommard, la Reine Pédauque vinifie la moitié du Clos de la Commaraine (2 hectares sur 4). C'est un clos monopole, c'est-à-dire qui appartient à un seul propriétaire. L'autre exploitant est son confrère Jadot. Le Pommard de la Reine Pédauque est plus fin, voire plus élégant, que les vins que l'on trouve dans cette appellation (38,50 euros). On peut le déguster maintenant mais aussi d'ici à 2016. N'est-ce pas agréable de donner du temps au temps pour un bon vin ?

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