Le Mississippi, aux sources de l'Amérique

Le troisième plus grand bassin fluvial du monde traverse les Etats-Unis du Nord au Sud. Il accompagne l'économie de 31 Etats de l'Union. Une artère essentielle.

Les Indiens l'appelaient "Misi-Ziibi", le Grand fleuve. Grand, le Mississippi l'est, avec ses 3.780 km et surtout sa surface globale, plus de 3,2 millions de km2, faisant de cette voie d'eau et ses affluents le troisième bassin fluvial du monde.

Pour les Etats-Unis, il est l'artère Nord-Sud essentielle, puisque, partant de la frontière canadienne, il se jette par un immense delta dans le Golfe du Mexique, profitant de ses 250 rivières collatérales, certaines elles aussi importantes, telles l'Ohio, l'Illinois, le Missouri (4.300 km!), l'Arkansas, etc... autant de voies navigables et donc participant activement à la prospérité américaine, depuis plusieurs siècles.

Car le Mississipi n'est pas qu'un fleuve de légende célébré par Mark Twain et ses bateaux à aube ou Faulkner et ses champs de blé. C'est d'abord un lieu de passage qui a permis aux premiers colons de pénétrer plus avant dans les terres, de développer l'agriculture et l'industrie, d'établir des villes laborieuses, d'unifier le pays. Charriant sans cesse des alluvions, sables et graviers - autour de 400 millions de tonnes par an - avec une pente assez faible, les dépôts sédimentaires s'accumulent.

Si leur présence est signe d'une terre grasse et féconde, elle est également à l'origine de nombreuses îles et surtout marais, dont le delta et ses bayous de Louisiane. Mais elle pose un problème permanent pour le transport, d'où la construction de 29 écluses et d'innombrables digues, dont certaines mal entretenues sont la cause de catastrophes géantes, la dernière en date, accompagnant l'ouragan Katherina, étant celle de La Nouvelle Orléans.

Des centrales nucléaires et des centrales thermiques fonctionnant encore au charbon, des raffineries de pétrole, des usines de pâte à papier côtoient des silos géants de soja ou des abattoirs industriels. Conséquence, le trafic fluvial ne cesse de croître, il est passé de 65 millions de tonnes à plus de 500 en trente ans, et de nouvelles installations portuaires se développent.

Le Mississippi reste la colonne vertébrale industrieuse de l'Amérique du Nord, mais aujourd'hui, si le fleuve voit quelque 400 km de rives protégées dans sa partie supérieure, histoire de préserver ce qui peut l'être encore, la pollution menace. Car les agglomérations de plus en plus denses, les industries de plus en plus actives et les cultures de plus en plus productivistes entraînent une dégradation néfaste et dangereuse. Le fleuve est malade.

Au-delà du cliché touristique - toujours en vigueur - le Mississippi apparaît comme un symbole d'une société qui tourne le dos à la nature: l'"Old man river" chanté par les bluesmen de Memphis ne se laisse pas dompter...

"Mississippi" de Mario Maffi, Grasset, 489 pages, 20,90 euros

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