Pour sauver Alitalia, Rome essaie de renouer le dialogue avec Air France - KLM

La compagnie italienne risque la faillite après la rupture des négociations entre Air-France KLM et les syndicats. La cotation du titre Alitalia a été suspendue.

Les heures paraissent comptées pour la compagnie italienne Alitalia, menacée de dépôt de bilan. Ses syndicats et Air France KLM qui menaient mercredi soir d'ultimes négociations sur son projet de rachat ont échoué à se mettre d'accord. Le président d'Alitalia, Maurizio Prato, favorable à un accord avec la compagnie française, a aussitôt démissionné. Un conseil d'administration d'urgence se tient ce jeudi après-midi.

Mercredi, le gouvernement italien avait tapé du poing sur la table. Le ministre italien de l'Economie Tommaso Padoa-Schioppa avait prévenu le matin lors d'une audition devant les députés que l'Etat italien n'accorderait pas à Alitalia le prêt relais prévu de 300 millions d'euros si les syndicats ne s'entendaient pas avec Air France. "Si l'offre d'Air France échoue, l'unique proposition d'achat disparaît et le recours à la loi Marzano serait probable", a de plus indiqué Tommaso Padoa-Schioppa. La loi Marzano prévoit notamment la nomination d'un commissaire extraordinaire chargé d'étudier une éventuelle restructuration du groupe ou la mise en faillite.

Côté négociations, Air-France KLM avait prévenu que faute de feu vert des syndicats d'Alitalia, il ne lancerait pas d'offre sur la compagnie italienne. A quelques heures de la fin des discussions, la compagnie franco-néerlandaise semblait avoir un peu adouci son projet. Selon les syndicats, la compagnie dirigée par Jean-Cyril Spinetta se serait engagée sur un renouvellement plus rapide que prévu de la flotte d'Alitalia, ce qui permettrait de réduire, à en croire les syndicats, les suppressions d'emplois touchant les pilotes et les assistants de vol. Il y a quelques jours déjà, Air France avait fait des concessions sur la division de services au sol d'Alitalia. Mais ce mercredi soir, c'est un avis d'échec qui est ressorti des ultimes tractations. Avec tous les risques que cela fait peser sur l'avenir du grand mais financièrement de plus en plus fragile transporteur aérien transalpin.

"Je prends acte avec regret de la rupture des négociations qui n'est pas de notre fait. C'est un projet (le rachat d'Alitalia) auquel je croyais profondément et auquel je continue de croire, parce qu'il aurait permis à Alitalia de retrouver rapidement le chemin de la croissance rentable", a déclaré Jean-Cyril Spinetta, cité dans un communiqué.

La rupture des négociations a réjoui le clan de Silvio Berlusconi. "La nouvelle qu'Air France a abandonné les négociations - il est à espérer que c'est un rupture définitive - est une très bonne nouvelle. L'accord n'était une bonne chose ni pour Alitalia ni pour Malpensa", a déclaré Roberto Maroni, chef de file de la Ligue du Nord, allié de Silvio Berlusconi pour les élections législatives du 13-14 avril.

A l'inverse, le gouvernement actuel, toujours sous la houlette du socialiste Romano Prodi, qui a donné sa démission mais exécute les affaires courantes, a annoncé ce jeudi qu'il va tenter de renouer le dialogue avec Air France - KLM et tenté de vérifier s'il s'agit d'une rupture définitive ou si un accord peut encore être trouvé, notamment avec les syndicats, jusque là plutôt hostiles face aux projets de suppressions de postes évoqués par le repreneur à la fois dans la compagnie aérienne transalpine et dans la société soeur de services.

En attendant la suite des événements, la cotation du titre Alitalia est suspendue ce jeudi à la Bourse de Milan. A Paris, en revanche, les investisseurs témoignent de leur soulagement vis-à-vis d'Air France: l'action a bondi de 2,43% à 19,35 euros.

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