Pakistan : le camp du président Musharraf reconnaît sa défaite

A la mi-journée, l'avance des deux principaux partis d'opposition se confirmait. L'ex-parti majoritaire, qui soutient Pervez Musharraf, a reconnu sa défaite.

"Nous acceptons le verdict de la nation", a déclaré ce mardi à l'AFP Tariq Azeem, porte-parole de la Ligue Musulmane du Pakistan - Qaïd-e-Azam (PML-Q), parti au pouvoir depuis 2002 et principal soutien de Pervez Musharraf, qui s'était emparé du pouvoir par un putsch militaire il y a plus de huit ans. Mathématiquement, ce mouvement et ses alliés ne pouvaient plus atteindre la majorité absolue des sièges à l'Assemblée nationale, selon les résultats encore partiels mardi à la mi-journée, mais délivrés par la télévision d'Etat.

De leur côté, les deux principaux mouvements de l'opposition, le Parti du peuple (PPP) de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre dans un attentat suicide, et celui de son rival des années 1990, Nawaz Sharif, la Ligue musulmane (PML-N), étaient confirmés largement en tête dans les résultats provisoires de ces élections législatives et provinciales.

Autre surprise de ces élections législatives et provinciales: les partis islamistes fondamentalistes ont essuyé un revers majeur par rapport à leur percée en 2002. La Muttahida Majlis-e-Amal (MMA), alliance hétéroclite de partis fondamentalistes, n'avait remporté mardi matin que trois sièges, loin des cinquante dont elle disposait depuis sa percée au scrutin de 2002. De fait, le scrutin semble marquer l'aversion d'une population, minée par la peur, pour les groupes armés proches d'Al-Qaïda et des talibans qui mènent depuis près d'un an une campagne d'attentats suicides extrêmement meurtrière dans tout le pays.

Dans un contexte de faible mobilisation électorale (environ 40%), les chiffres de la télévision d'Etat plaçaient en tête, à la mi-journée, le PPP, formation emmenée par le veuf de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari, avec 83 sièges, suivi par la PML-N (64), loin devant la PML-Q (37) et son traditionnel allié, le MQM (19).

Le changement qui se dessine, Pervez Musharraf, réélu président le 6 octobre, n'ayant que le choix restreint entre une coalition improbable avec le PPP, la démission ou une présidence qui se limiterait à inaugurer les chrysanthèmes, est déjà en soi une révolution dans ce pays, qui a vécu plus de la moitié de ses soixante ans d'histoire sous la férule des généraux putschistes et le reste sous des gouvernements cornaqués par les militaires.

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