Sarkozy a tenté de rassurer les agriculteurs français

Pour la première fois, un Président de la République a ouvert le congrès de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.

Le premier syndicat agricole de France, La FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles. a demandé ce mercredi le maintien des "outils de gestion de marché" (jachère, subventions, quotas), après le "bilan de santé" de la Politique Agricole Commune (PAC) qui doit être adopté au second semestre 2008 lors de la présidence française de l'Union européenne.

"La volatilité des marchés n'est pas supportable et la puissance publique doit pouvoir intervenir avec efficience quand la situation l'exige", estime le principal syndicat agricole dans une motion adoptée lors de son 62ème congrès à Nantes.

La FNSEA estime que "pour le cas particulier des quotas laitiers, il faut que leur évolution jusqu'en 2015 reste liée à l'état du marché et non à des considérations d'arbitrage aveugle entre les uns et les autres".
Le principal syndicat agricole reconnait qu'"il y certes une majorité des pays de l'UE" qui "considère que le droit à paiement unique (DPU) (les aides directes de Burxelles, ndlr) est une assurance tous risques, une réponse à toutes les difficultés et aléas rencontrés par les exploitations".

Mais pour la FNSEA, "le système initié en 2003" (lors de la réforme de la PAC à Luxembourg) "non seulement ignore le modèle agricole européen mais en plus porte en germe des conflits permanents entre paysans, entre systèmes de production, entre régions et affaiblit la légitimité des soutiens apportés à l'agriculture".
Aussi le syndicat présidé par Jean-Michel Lemétayer demande "la possibilité "d'utiliser une part" des aides directes pour redistribuer une partie de celles-ci vers des productions qui n'en bénéficient pas ou peu comme les fruits et légumes "façe au système de prime unique que promeut la Commission et qu'appliquent la majorité de nos partenaires".

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a promis une revalorisation des petites retraites agricoles avant fin juin, ce mercredi à l'ouverture de ce 62è congrès. "Au cours de la campagne électorale, j'ai pris deux engagements très clairs et je tiendrai tous mes engagements: revaloriser le minimum vieillesse et porter de 54% à 60% le taux des pensions de réversion sur la durée du quinquennat", a dit le président.

"Ces engagements seront tenus avec méthode et sans démagogie, car on ne peut pas continuer de payer des retraites +à crédit+", a-t-il poursuivi.
Bon nombre des quelque 2 millions de retraités agricoles (pour seulement 570.000 actifs) que compte la France touchent de très faibles retraites car ils ont des "carrières incomplètes" en tant que veuves, conjoints ou ayant longtemps travaillé sur l'exploitation familiales sans avoir été déclarés.

"Nous réduirons en particulier les +poches de pauvreté+ où se trouvent certains retraités oubliés par les revalorisations successives", a promis M. Sarkozy. "Des mesures en faveur des conjoints et des veuves" seront prises, a-t-il ajouté, "en tenant compte des propositions faites par le groupe de travail" animé par (les ministres de l'Agriculture et du Travail et de la Solidarité) Michel Barnier et Xavier Bertrand.
C'est la première fois qu'un président de la République assiste à un congrès de la FNSEA. Son prédécesseur Jacques Chirac avait assisté à la cérémonie des cinquante ans de la fédération, en 1996.

Devant un auditoire qu'il a eu un peu de mal à réchauffer, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois tenté de séduire le monde agricole, après le Salon de l'élevage, en septembre à Rennes, et celui de l'agriculture à Paris en février.
"Pourquoi" un président vient-il à la FNSEA, s'est-il interrogé, se disant "étonné" d'être le premier président à assister à un congrès de la FNSEA.
C'est "pour dire merci" aux agriculteurs "pour le travail" fait "pour l'économie française", a-t-il affirmé, en saluant "ceux qui ont fait" de la France "le premier exportateur mondial pour les produits agricoles transformés, avec une création de valeur ajoutée de 64 milliards d'euros en 2007".
"L'agriculture est une partie de l'identité française, et l'identité nationale, c'est l'affaire du président de la République", a-t-il souligné.

A trois mois du début de la présidence française de l'Union européenne (1er juillet), le chef de l'Etat a souhaité "une véritable simplification durable" de la Politique agricole commune (PAC).
Dans son discours au salon de l'agriculture, il avait déjà souhaité que la présidence française de l'UE soit l'occasion d'une "refondation" de la PAC, le principal défi pour la France, principal bénéficiaire de la PAC, étant de préserver la majorité de ses aides en provenance de Bruxelles (10 milliards d'euros par an).
Le président Sarkozy a également affirmé que "les négociations au sein de l'Organisation mondiale du Commerce doivent repartir sur des bases saines et des objectifs clarifiés".
"Je m'opposerai fermement à tout accord qui ne servira pas les intérêts de notre pays", a-t-il déclaré.
Il vient d'écrire au président de la Commission européenne Manuel Barroso pour lui rappeler cette ligne. "Je ne veux pas que l'Europe fasse preuve de naïveté", a-t-il dit.
Jean-Michel Lemétayer, président du principal syndicat agricole, a jugé le discours du président Sarkozy "encourageant" pour l'avenir.

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