Une semaine marquée par le statu quo de la BCE et de la Fed

A la Une de l'actualité cette semaine, le statu quo décidé par la Banque centrale européenne et par la Réserve fédérale américaine. Le repli des cours du pétrole, le regain du dollar, le déficit commercial français record, les difficultés du secteur de l'assurance et les lourdes pertes de Freddie Mac et de Fannie Mae ont également fait les gros titres.

LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE ET LA RESERVE FEDERALE OPTENT POUR LE STATU QUO MONETAIRE

Statu quo. Des deux côtés de l'Atlantique, les banquiers centraux n'ont pas arbitré entre inflation et ralentissement économique. Pris entre deux feux, ils ont choisi de laisser inchangé leur principal taux directeur, à 4,25% pour la Banque centrale européenne (BCE) et à 2% pour la Réserve fédérale.

Les économistes s'attendent à une contraction du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au deuxième trimestre, après une progression de 0,7% sur les trois premiers mois de l'année. Mais, dans le même temps, l'inflation a atteint 5% en juillet, son plus niveau depuis la création de la monnaie unique en 1999. Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, qui, fait exceptionnel pour le mois d'août, s'est exprimé devant la presse, a ainsi reconnu que "certains risques pour la croissance se matérialisent," tout en qualifiant d'"inquiétant" le niveau de l'inflation au sein de la zone euro et en rappelant qu'il était "crucial" de lutter contre les effets de second tour, c'est à dire une hausse des salaires pour compenser la progression des prix. Ses déclarations pessimistes sur la conjoncture ont provoqué une forte chute de l'euro, retombé aux alentours de 1,50 dollar, entrainant également une forte baisse du pétrole.

Outre-Atlantique, la Réserve fédérale n'a pas répondu aux attentes des banquiers les plus orthodoxes qui réclamaient une hausse des taux alors que l'inflation s'est élevée à 5% en juin. Mais le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a jugé que l'inflation, qui constitue "une inquiétude", devrait se modérer "cette année et l'année prochaine", tout en soulignant que les perspectives en matière d'inflation demeuraient "hautement incertaines". De plus, "les conditions de crédit restrictives, la poursuite de la contraction de l'immobilier résidentiel et les prix de l'énergie élevés devraient peser sur la croissance économique pendant les prochains trimestres". De quoi justifier un statu quo, qui devrait se poursuivre dans un proche avenir.

LES COURS DU PETROLE POURSUIVENT LEUR REPLI, LE DOLLAR REPREND DES COULEURS

La tendance baissière observée sur les marché pétroliers depuis la mi-juillet se poursuit. Cette semaine les cours de l'or noir ont de nouveau reculé. Ce repli s'explique notamment par la contraction de la demande dans les pays industrialisés, affectés par le ralentissement économique. Les Américains ont par exemple consommé 2,3% d'essence en moins sur les quatre dernières semaines par rapport à la même période l'année dernière, a annoncé ce mercredi le département à l'Energie (DoE). La fermeture d'un oléoduc en mer Caspienne ou encore le regain de tension entre l'Iran et les Six (Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Russie et Chine) sur le dossier nucléaire n'ont pas suffi pour réserver la tendance.

Ce vendredi le regain du dollar a encore accentué la baisse des prix du brut. Un billet vert faible incite en effet les investisseurs à se réfugier sur les matières premières, d'autant plus rentables que les prix sont libellés en dollars. Mais les propos peu optimistes de Jean-Claude Trichet sur la conjoncture européenne ont provoqué une chute de l'euro. La monnaie européenne est retombée aux alentours de 1,50 dollar pour un euro, contre plus 1,54 dollar jeudi soir. Du coup, le baril de Brent est repassé sous la barre des 115 dollars à Londres. Sur le marché new-yorkais, le baril de WTI américain flirte avec les 116 dollars. Bien loin de son record de 147,27 dollars du 11 juillet dernier.

LE DEFICIT COMMERCIAL FRANÇAIS AU PLUS HAUT, L'EXCEDENT ALLEMAND GRIMPE

La France a continué de creuser son déficit commercial au premier semestre, sous l'effet du pétrole cher et de la déprime économique mondiale. Il a atteint 24,387 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année, contre 15,801 milliards un an plus tôt, selon les chiffres des Douanes publiés jeudi. Sur douze mois, il a franchi un nouveau record historique à plus de 48 milliards d'euros et pulvérisé en juin son record mensuel, à 5,64 milliards d'euros. "Le déficit commercial hors énergie s'est en revanche réduit de près de 3 milliards d'euros sur le semestre, passant de 6,4 à 3,7 milliards. Cette amélioration résulte d'une nette progression des exportations (+3,2% hors énergie par rapport au second semestre 2007), sensiblement plus rapide que celle des importations (+1,8%)", nuancent les Douanes. Reste que ce déficit contraste avec les performances du commerce allemand dont l'excédent s'est élevé à 19,7 milliards d'euros en juin. Pourtant, l'économie allemande subit également les effets néfastes de l'euro fort et le renchérissement de la facture énergétique. Mais, à la différence de la France, l'Allemagne a entrepris de profondes réformes au cours des dernières années pour se doter de PME exportatrices et pour maîtriser ses coûts salariaux.

LE SECTEUR DE L'ASSURANCE TOUCHE PAR LA CRISE DES SUBPRIMES MAIS AXA RESISTE
Semaine sombre pour le secteur de l'assurance. A commencer par le premier assureur mondial, American International Group (AIG). Le groupe a publié une perte nette de 5,36 milliards de dollars (3,47 milliards d'euros) au deuxième trimestre. Un repli plus important que les estimations les plus basses des analystes. AIG a justifié cette contre performance par une importante charge lié à la perte de valeur de son portefeuille de contrats assurant le risque de crédits des entreprises. Sur les six premiers mois de l'année, AIG a perdu 13,1 milliards de dollars.

En Europe, l'allemand Allianz a annoncé jeudi une forte baisse de son résultat au deuxième trimestre, mais surtout, il a lancé un avertissement sur son résultat annuel. Le géant allemand de l'assurance a annoncé que son bénéfice net avait baissé de 28% au deuxième trimestre à 1,15 milliard d'euros. Le bancassureur belge KBC et l'assureur néerlandais Aegon ont eux-aussi publié des résultats en très forte baisse. Dans ce contexte morose, le français Axa résiste tant bien que mal. Le groupe a dégagé un bénéfice net de 2,16 milliards d'euros au premier semestre, soit une baisse de 32%, dépassant les attentes des analystes. Axa a certes enregistré pour 786 millions d'euros de dépréciations en six mois mais son exposition au marché du crédit est moins importante que celle de ses rivaux.

LOURDES PERTES POUR FREDDIE MAC ET FANNIE MAE

Les deux organismes américains spécialisés dans le refinancement hypothécaire ont annoncé cette semaine de lourdes pertes du deuxième trimestre, entraînées par de nouvelles provisions et dépréciations d'actifs massives. Ces pertes s'élèvent à 821 millions de dollars pour Freddie Mac et à 2,3 milliards pour Fannie Mae. Ce dernier a par ailleurs annoncé une division par sept de son dividende. Les deux groupes se sont effondrés à la Bourse de New York suite à ces annonces. Ils subissent de plein fouet les conséquences de la crise des subprime. A la mi-juillet, l'incendie allumé par les difficultés rencontrées par Fannie Mae et Freddie Mac, avait contraint Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, a présenté un plan de sauvetage d'urgence des deux établissements.

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