Les marchés restent calmes après la fin de la baisse des taux décidée par la Fed

En optant pour un maintien de son taux de référence à 2%, la Fed rompt avec sa politique de réduction accélérée des taux d'intérêt. A Wall Street, la séance a terminée sur une hausse symbolique (+0,04% pour le Dow Jones) mercredi. Ce jeudi matin, Tokyo cèse 0,05% à la clôture.

La décision de la Fed ne change rien aux incertitudes du marché. Mercredi soir, la Bourse de New York a ainsi clôturé en très timide hausse: le Dow Jones Industrial Average (DJIA) a progressé de 4,40 points (+0,04%) à 11.811,83 points, et l'indice Nasdaq, à forte composante technologique, de 32,98 points à 2.401,26 points, selon les chiffres définitifs de clôture. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a quant à lui pris 7,68 points à 1.321,97 points (+0,58%).

Le statu quo de la Fed sur les taux - décision largement anticipée - a déçu les investisseurs, qui s'attendaient à des commentaires plus énergiques contre les pressions inflationnistes. Le Dow Jones a ainsi cédé la plupart de ses gains engrangés en fin de séance, manquant de très peu de finir dans le rouge.

En Asie ce jeudi matin, après cinq séances consécutives de baisse, la Bourse de Tokyo évoluait jeudi en territoire positif, l'indice Nikkei progressant de 0,4% à la mi-séance à 13.889,35 points. Mais à la clôture, la tendance s'est inversée et l'indice Nikkei a terminé sur une baisse (-0,05% à 13.822,32 points) toute aussi symbolique que celle de la Bourse américaine la veille.

La Réserve fédérale américaine a annoncé mercredi soir le maintien de ses taux directeurs à un niveau inchangé. Conforme aux attentes, cette décision marque en fait une véritable inflexion de sa politique monétaire, puisqu'elle met un terme à une période de baisse soutenue de ses taux d'intérêt.

La Fed laisse donc son principal taux directeur inchangé à 2%. Au cours des mois précédents, elle avait très rapidement ramené ce taux de 5,25 à 2% depuis septembre, sur fond de crise des subprimes.

Pourquoi ce changement d'attitude? La baisse accélérée des taux de la Réserve fédérale était une conséquence directe de la crise qui secoue la finance mondiale depuis l'été dernier. Très inquiète des conséquences de la crise du crédit sur les établissements financiers et des risques de contagion sur l'économie réelle, la Fed avait donc estimé indispensable de soutenir l'activité en réduisant massivement les taux d'intérêt.

Mais aujourd'hui, une nouvelle préoccupation prend le dessus: la menace inflationniste. Comme le dit la Réserve fédérale dans son communiqué publié ce soir, les risques sur la croissance ont "d'une certaine façon" diminué mais les risques en matière d'inflation ont "augmenté". La banque centrale américaine affirme ainsi que "même si les risques baissiers en matière de croissance demeurent, ils semblent avoir quelque peu diminué, et les risques haussiers en matière d'inflation et d'attentes d'inflation ont augmenté. L'activité économique continue de croître, traduisant en partie un affermissement de la consommation des ménages", poursuit la Fed

En s'alarmant début juin des dangers inflationnistes que fait courir le dollar faible sur l'économie américaine, Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale, a d'ailleurs donné un signal clair. En redonnant à l'inflation la primauté, le patron de la banque centrale américaine a non seulement anéanti toutes les anticipations de poursuite du cycle d'assouplissement monétaire qui subsistaient, mais suscité des attentes de renversement prochain de la politique monétaire.

Pour les opérateurs des marchés, ainsi, la probabilité de voir la Fed relever ses taux dans les mois qui viennent est désormais élevée. A en croire les marchés à terme de Chicago, il y aurait une probabilité de 36% d'une hausse des taux en août et de 93% en septembre.

En revanche, les économistes gardent la tête froide. Sur les 101 stratèges interrogés par l'agence Bloomberg, une grosse majorité prévoit un maintien des " fonds " à 2% pour le reste de l'année 2008. Une prudence à laquelle les propos tenus par la Fed ce soir pourraient donner raison: l'institution affirme en effet que "le comité s'attend à ce que l'inflation se modère plus tard cette année et l'année prochaine".

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