Une semaine marquée par le rejet irlandais du traité de Lisbonne

A la une de l'actualité cette semaine, le "non" irlandais au traité de Lisbonne et les nouvelles incertitudes politiques qui pèsent sur l'Union européenne. L'inflation française, au plus haut depuis 17 ans, la généralisation du Livret A, l'entrée de l'Etat dans le capital du chantier de l'Atlantique et le partenariat entre Yahoo! et Google ont également fait les gros titres.

L'IRLANDE REJETTE LE TRAITE DE LISBONNE PAR REFERENDUM

Nouveau coup dur pour l'Union européenne. Trois ans après le "non" à la constitution européenne des Pays-Bas puis de la France, le traité de Lisbonne a en effet été rejeté jeudi par les Irlandais. Ces résultats font planer le doute sur l'avenir de ce traité simplifié, censé améliorer le fonctionnement et l'organisation de l'Union. Signé le 13 décembre dernier, le texte devait entrer en vigueur le 1er janvier 2009 à condition d'être approuvé par l'ensemble des Vingt-Sept. Les autres capitales européennes ont opté pour la ratification parlementaire, ce qui a déjà été fait dans 18 d'entre elles. Mais Dublin devait constitutionnellement soumettre ce texte à un référendum. Cela avait été le cas en juin 2001: les Irlandais avait alors refusé le traité de Nice. Un deuxième référendum avait été nécessaire pour faire adopter le texte. Mais le gouvernement irlandais a déjà fait savoir qu'il n'y aurait pas de second vote cette fois-ci. François Fillon, a averti jeudi soir qu'il n'y aurait "plus de traité de Lisbonne" en cas de rejet par les Irlandais, "sauf à reprendre le dialogue avec le peuple irlandais". Sentiment partagé par Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, pour qui il faudra trouver un "arrangement juridique" entre l'Irlande et les 26 autres membres de l'UE. Principaux artisans du traité de Lisbonne, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel adopteront une position commune pour tenter de relancer le processus de ratification.

L'INFLATION FRANCAISE AU PLUS HAUT DEPUIS 17 ANS, LE SMIC À NOUVEAU REVALORISE

L'économie française n'échappe pas au regain d'inflation. Après un court répit en avril, la France a connu une nouvelle poussée de hausse des prix. L'indice des prix à la consommation a en effet progressé de 0,5% en mai, selon les chiffres publiés mercredi par l'Insee. Sur un an, l'inflation se chiffre à 3,2%, au plus haut depuis juillet 1991. Des chiffres qui s'expliquent encore et toujours par la flambée des prix des produits pétroliers (+5,4% en mai, +17,9% sur un an) et par le renchérissement des produits alimentaires (+1% en mai, +5,7 sur un an). De fait, l'inflation sous-jacente, qui ne prend pas en compte ces deux composantes, reste stable à 2%. Les effets de second tour, tant redoutés par la BCE, la Banque centrale européenne, ne semblent donc pas se manifester pour l'instant, même si "les revendications sont de plus en plus importantes, notamment dans les PME", estime Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. Le risque, c'est la formation d'une spirale inflationniste prix - salaire qui propagerait cette poussée à l'ensemble des secteurs d'activité. Mais conséquence directe de la hausse des prix : le SMIC sera à nouveau revalorisé le 1er juillet prochain. L'augmentation du salaire minimum devrait être de 0,9%, portant le taux horaire brut à 8,71 euros, huit centimes de mieux qu'à l'heure actuelle. Le gouvernement a d'ores et déjà exclu tout coup de pouce supplémentaire alors que le SMIC a déjà été revu à la hausse de 2,3% au 1er mai. Malgré tout "le pouvoir d'achat lié aux revenus d'activité devrait reculer au deuxième trimestre", estime Alexander Law de Xerfi. De quoi renforcer les inquiétudes sur les conséquences de l'inflation sur la consommation, principal moteur de la croissance française.

L'ETAT FRANÇAIS VA PRENDRE 9% DU CAPITAL DES CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE

L'Etat français va entrer dans le capital des Chantiers de l'Atlantique, sis à Saint-Nazaire, ex filiale d'Alstom. Matignon a en effet indiqué jeudi que la signature d'un accord de partenariat industriel avec le groupe sud-coréen STX Shipbuilding, principal actionnaire (avec 40%) d'Aker Yards, le groupe norvégien qui détient désormais 75% du dernier grand chantier naval français. L'accord prévoit également que l'Etat Français sera prioritaire pour acquérir les 25% du capital encore détenus par Alstom s'il souhaite les céder. Avec 34% du capital, l'Etat possèderait alors une minorité de blocage, lui permettant d'éviter d'éventuelles délocalisations de l'activité alors que les chantiers de l'Atlantique emploient 3.000 salariés à Saint-Nazaire et autant de sous-traitants.. Au-delà du maintien de l'emploi, "cet accord préserve les intérêts de la défense nationale", a précisé l'Elysée. "Aker Yards France est une entreprise dont les compétences et les équipements sont critiques pour la construction de navires de grande taille pour la Marine nationale", comme le second porte-avions français dont la construction devrait être repoussée. Reste que cette prise de participation de l'Etat français doit être approuvée par le conseil d'administration d'Aker Yards. La direction du groupe norvégien a fait part de sa stupéfaction et attend des "informations plus détaillées" sur les intentions du gouvernement français avant de se prononcer. Même si son grand actionnaire STX pourrait lui imposer cette évolution du tour de table.

LE LIVRET A GENERALISE A TOUTES LES BANQUES AU 1ER JANVIER 2009

Le placement préféré des Français pourra être distribué par toutes les banques à partir du 1er janvier 2009. L'Assemblée nationale a en effet voté mercredi l'article de la Loi de Modernistaion de l'Economie (LME) qui prévoit la généralisation du Livret A, que seuls la Banque Postale et les Caisses d'Épargne ainsi que le Crédit Mutuel pour son frère jumeau le Livret Bleu, peuvent actuellement proposer à leurs clients. Cette libéralisation répond aux demandes de la Commission européenne, jugeant cette exclusivité contraire à la libre concurrence entre les établissements bancaires. Fin décembre, le rapport Camdessus, du nom de l'ancien gouverneur de la Banque de France, préconisait également la fin de cette exclusivité. Créé en 1818, le Livret A séduit près de 45 millions de Français pour un encours total proche de 150 milliards d'euros. Exonéré d'imposition et de prélèvements sociaux, il est plafonné à 15.300 euros, dans la limite d'un livret par personne. Depuis le 1er février, le Livret A est rémunéré à hauteur de 3,5%, contre 3% précédemment. Et le taux devrait une nouvelle fois être revu à la hausse au 1er août, pour passer à 3,75% voire 4% sous l'effet de l'inflation. Car depuis 2003, la fixation de ce taux a été dépolitisé et se base désormais sur une moyenne de l'inflation hors tabac et du taux d'intérêt à court terme (Euribor 3 mois). Alors que les sommes déposées sur les Livrets A ont bondi de 8% en février, cette nouvelle hausse de la rémunération ne manquera pas d'aiguiser encore un peu plus les appétits des grandes banques commerciales qui préparent déjà l'offensive.

YAHOO REPOUSSE MICROSOFT ET S'ALLIE AVEC GOOGLE

Microsoft n'aura pas réussi son coup. Pour contrer l'hégémonie de Google sur la publicité en ligne, le numéro un mondial des logiciels tentait depuis février de mettre la main sur Yahoo!. En vain. Après avoir rejeté une première offre de 47,5 milliards de dollars, le portail californien a annoncé ce jeudi que "les discussions avec Microsoft pour un rachat total ou partiel avaient pris fin". Un échec pour le groupe dirigé par Steve Ballmer qui comptait sur cette opération pour combler son retard et capter une partie plus importante de la manne publicitaire sur Internet. "C'est un marché à 40 milliards de dollars et il va passer à 80 milliards en 2010" expliquait le PDG de Microsoft pour justifier son offensive. Cet échec est d'autant retentissant que Yahoo! a annoncé dans la foulée la signature d'un accord avec Google dans le domaine de la publicité en ligne. Ce partenariat entre les deux premiers moteurs de recherche permettra à Yahoo! d'afficher sur ses pages de résultats des liens sponsorisés fournis par la plate-forme AdWords de Google. Non exclusif, il porte sur une durée de quatre ans, prolongeable à 10, et ne concerne que les Etats-Unis et le Canada. Gain espéré par Yahoo!: 800 millions de dollars de recettes supplémentaires par an. A condition que les autorités de la concurrence américaines entérinent cet accord alors Google et Yahoo! encaissent plus de 50% des recettes mondiales de la publicité en ligne. De son côté, Microsoft va devoir se tourner vers d'autres cibles, plus modestes, comme AOL que Time Warner souhaite vendre.

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