Paris obtient un sursis jusqu'en 2012 pour le retour à l'équilibre de ses comptes

Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a de facto repoussé, ce lundi, de deux ans, de 2010 à 2012, l'objectif d'élimination des déficits publics en zone euro. Tout en prévenant implicitement la France qu'il n'y aurait plus d'échappatoire à cette échéance.

Paris va pouvoir souffler un peu pour ses déficits. La France et ses partenaires européens ont décrété ce lundi l'armistice dans le débat sur les déficits français afin de ne pas gâcher le dixième anniversaire de la monnaie unique, célébré par les ministres des Finances de la zone euro à Francfort.

L'exécutif européen avait adressé mercredi dernier à la France une "recommandation" pour l'inciter à mener de front réformes et réduction du déficit, qui risque selon lui d'atteindre l'an prochain le plafond de 3% du PIB (produit intérieur brut), après 2,9% cette année et 2,7% l'an dernier. Paris table au contraire sur un déficit de 2,5% en 2008 et 2% en 2009 et estime que Bruxelles n'a tenu compte ni de la croissance meilleure que prévu en 2007 et au premier trimestre de 2008, ni des décisions prises pour réduire les dépenses.

La polémique a été soigneusement évitée à Francfort, où le sujet n'a été que très brièvement abordé. Et, cerise sur le gâteau, Jean-Claude Juncker a officialisé l'échéance française de 2012 pour la suppression des déficits, alors que tous les autres pays, sauf l'Italie, se sont engagés à y parvenir en 2010.

"Je tiens à rappeler que l'objectif 2010 était un objectif qui, dans la décision de Berlin, était conditionné par le cycle économique", autrement dit par l'état de la conjoncture, a indiqué à la presse le président de l'Eurogroupe. En revanche, "la date de 2012 est une date qui doit absolument être respectée. Le respect de cette date n'est pas conditionné par le cycle économique", a-t-il averti.

Concernant la proposition française d'un gel de la TVA sur les produits pétroliers au-delà d'un certain prix, plusieurs pays, Allemagne en tête, et la Commission européenne se sont prononcés contre cette idée en rappelant la décision prise à Manchester en 2005 par les ministres des Finances de l'UE, l'Union européenne, de ne pas réagir par de telles initiatives. Le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos, a abondé dans le même sens en soulignant que la France n'était pas en mesure de se priver de précieuses recettes fiscales.

"Le problème posé par le président (français) est un problème réel mais la réponse peut ne pas nécessairement être celle qu'il a proposée", a diplomatiquement résumé le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. "Je suis contente que les pistes françaises constituent au moins un sujet de débat", s'est contentée de déclarer la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde.

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