Une semaine marquée par les records du pétrole qui plombent les compagnies aériennes... et les pêcheurs

A la une de l'actualité cette semaine, le cours du pétrole qui a franchi la barre des 135 dollars. La mobilisation contre la réforme des retraites, les rebondissements chez GDF, les propositions de la commission Copé sur l'audiovisuel public et les erreurs de Moody's ont aussi animé les débats.

En une semaine, les prix du baril de "light sweet crude" se sont renchéris de plus de 5 dollars en Asie et à New-York.

LES PÊCHEURS ET LES COMPAGNIES AERIENNES EN DIFFICULTE A CAUSE DES COURS RECORDS DU PETROLE

Le cours du baril de brut a dépassé jeudi, lors des échanges électroniques en Asie, la barre des 135 dollars, à 135,09 dollars avant de refluer légèrement en fin de semaine. A Londres, le baril de brent a suivi la même course infernale. Jeudi matin, il a atteint le record de 135,14 dollars. L'annonce, mercredi, par l'Agence américaine d'information sur l'énergie, d'un recul des stocks hebdomadaires de produits pétroliers outre-atlantique a contribué à cette envolée. La rigueur de l'Opep y a aussi participé. Abdullah al Badri, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a estimé jeudi que le marché pétrolier était "complètement fou". Selon le cartel, la flambée des cours n'est pas liée à des problèmes d'approvisionnement. En conséquence, l'Opep a indiqué qu'elle ne comptait pas accroître sa production. "Même si nous augmentions la production demain, les prix ne baisseraient pas" a affirmé Abdullah al Badri.

La hausse des cours du pétrole met à mal de nombreuses professions. En bloquant des ports et des dépôts de carburant, les pêcheurs français ont protesté toute la semaine pour réclamer une baisse du prix du gazole (à 0,40 euro le litre, contre plus de 0,70 euro le litre actuellement). Michel Barnier a promis mercredi de leur verser une enveloppe de 110 millions d'euros d'ici à la fin de l'année. D'après le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, cette mesure comprend une "aide sociale" de 40 millions d'euros prévue pour renforcer les revenus des marins pêcheurs dès le 15 juin prochain. Ceux-ci n'ont pas été convaincus par ces engagements En outre, ils craignent que la Commission européenne s'oppose à ce plan de soutien. Ils ont donc poursuivi leur mouvement jeudi et vendredi contre l'avis de leurs représentants nationaux. Les transporteurs routiers ont aussi fait part de leurs inquiétudes et réclamé des mesures gouvernementales d'urgence.

Les compagnies aériennes souffrent aussi des tensions sur les marchés pétroliers. Aux Etats-Unis, AMR a annoncé mercredi une réduction des capacités de sa filiale American Airlines de 11 à 12% au quatrième trimestre 2008 sur les lignes intérieurs. Cette décision, qui entraînera une contraction des effectifs, a été motivée par la hausse des coûts du kérosène. Air France-KLM s'attend aussi à être malmenée. De l'aveu de Jean-Cyril Spinetta, le PDG de la compagnie franco-néerlandaise, qui présentait jeudi les résultats annuels, "l'exercice (2008-2009) qui vient de commencer s'annonce difficile" à cause des incertitudes qui pèsent sur la conjoncture économique mondiale et le renchérissement du pétrole. Les objectifs ont donc été revus à la baisse. Air France-KLM a pourtant affiché en 2007-2008 un bénéfice d'exploitation record, à 1,4 milliards d'euros, en hausse de 13,3%, un chiffre d'affaires de 24,11 milliards d'euros (+4,5%) et une marge améliorée. Son résultat net a toutefois baissé de 16%, à 748 millions d'euros.

MALGRE LA MOBILISATION DE JEUDI, LE GOUVERNEMENT REAFFIRME SA VOLONTE DE POURSUIVRE LA REFORME DES RETRAITES

Xavier Bertrand a soutenu vendredi que, "bien évidemment", le gouvernement poursuivait la réforme des retraites qui prévoit, entre autres, l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans (pour bénéficier d'un taux plein) d'ici à 2012. Le ministre du Travail a expliqué que l'objectif de l'exécutif était de "protéger les retraites" et que "de nombreuses mesures correspondent à ce que les organisations syndicales ont demandé". Cette intervention de Xavier Bertrand répond aux manifestations qui se sont déroulées jeudi dans 153 villes de l'Hexagone. Les syndicats, tous mobilisés, ont rassemblés entre 300.000 et 700.000 manifestants pour protester contre l'allongement de la durée de cotisation. Près de 9% des fonctionnaires ont débrayé. EDF a recensé 21% de grévistes, GDF, 16% et la SNCF, 25%. A la RATP, le trafic était "complètement normal". Il n'y a qu'à Marseille où les transports en commun ont été fortement perturbés. Pour le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, cette journée de mobilisation a été un "incontestable succès". Son homologue de la CFDT, François Chérèque, a estimé que, au regard de ces manifestations, le gouvernement devait "revoir la totalité de ses propositions".

GDF L'EMPORTE FACE A UN REPRESENTANT SYNDICAL MAIS EST SOUPCONNEE PAR LA COMMISSION EUROPEENNE

"La Commission européenne a décidé d'ouvrir une procédure formelle antitrust contre l'entreprise gazière française Gaz de France pour une violation suspectée d'abus de position dominante et des pratiques restrictives" a annoncé Bruxelles jeudi. Le lancement de cette enquête intervient après des perquisitions menées dans les locaux de GDF en 2006. La Commission européenne confirme ainsi soupçonner le groupe de Jean-François Cirelli de restreindre la concurrence sur le marché français du gaz naturel. Mercredi, GDF a appris une autre mauvaise nouvelle. Le secrétaire du comité centrale d'entreprise (CCE), Eric Dulon, a assigné le groupe en référé devant le Tribunal de grande instance de Paris. Objectif de cette démarche : reporter la réunion prévue le 26 mai prochain au cours de laquelle le CCE doit donner son avis sur la fusion GDF/Suez (étape indispensable à la poursuite de cette opération). Eric Dulon estimait en effet ne pas avoir reçu les informations nécessaires à la tenue de cette assemblée. Mais le tribunal n'a pas été dans le sens du syndicaliste ce qui aurait menacé de reporter encore la fusion. Le CCE sur ce mariage doit donc se tenir comme prévu ce lundi.

En marge de ces affaires, GDF a annoncé lundi son entrée au capital de PowerNext à hauteur de 6,6%. Sa filiale GRTGaz prend aussi une participation de 5% dans cette bourse de l'énergie et du CO2. Cette opération est un préalable avant la création d'une bourse du gaz d'ici à la fin de l'année.

LA COMMISSION COPE PRESENTE SES PROPOSITIONS POUR FINANCER UNE TELEVISION PUBLIQUE SANS PUBLICITE

La commission parlementaire pour "une nouvelle télévision publique" (mandatée en janvier par Nicolas Sarkozy pour réfléchir sur les moyens de compenser financièrement la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publique) a dévoilé mercredi ses premières idées. Ce groupe, présidé par l'UMP Jean-François Copé, a recommandé que la suppression de la publicité disparaisse des écrans de France Télévisions après 20 heures à partir du 1er septembre 2009 et intégralement à partir de 2012. Pour financer cette mesure, la commission a évoqué plusieurs pistes : l'élargissement aux propriétaires d'ordinateur de l'assiette de la redevance audiovisuel ou son augmentation, la taxation des recettes publicitaires supplémentaires des chaînes privées ou du chiffre d'affaires des opérateurs de téléphonie et des fournisseurs d'accès à Internet ou encore une taxe sur les produits électroniques grand public. La commission Copé doit remettre son rapport final au président de la République le 25 juin prochain. Pour défendre leurs intérêts dans le cadre de cette réforme, TF1, Canal + et M6 ont annoncé mercredi qu'elles constituaient une association : l'ACP, pour Association des chaînes privées.

A CAUSE D'ERREURS INFORMATIQUES, MOODY'S AURAIT SURNOTE DES TITRES DE DETTES STRUCTUREES RISQUES

L'agence de notation financière américaine Moody's aurait, en 2006, attribué, par erreur, la note AAA (la meilleure) à des titres de dettes structurées risqués. D'après le Financial Times, qui a révélé cette information mercredi, ces titres auraient dû recevoir une notation bien moins bonne. Cette bévue, rétablie seulement au début de l'année, serait due à une erreur informatique. Cette affaire risque de conforter les autorités de régulation qui ont souvent reproché aux agences de notation d'être en partie responsables de la crise financière actuelle.

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