Marché de l'art : un plan de renouveau pour les enchères

Dans une activité mondiale en forte progression, la France perd du terrain. La ministre de la Culture veut relancer le secteur, en proposant par exemple la création de prêt à taux zéro pour financer l'achat d'oeuvres d'artistes vivants. Mais les moyens manquent.

Le constat est évident: chaque année, le marché tricolore des enchères publiques perd de sa superbe. La France, qui s'attribuait près d'un quart des ventes "fine art" il y a trente ans, ne représente plus qu'un petit 6,4% mondial et vient même d'être dépassée par la Chine (7,3%), loin derrières les Etats-Unis (41,7%) et le Royaume-Uni (29,7%) . Et encore, parmi les 2,15 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel hexagonal, les filiales parisiennes de Christie's et Sotheby's réalisent à elles seules près de 15% de ce total. Quand Artcurial, troisième société de ventes aux enchères en France, adjuge pour 85 millions d'euros d'objets d'art en un an, un seul tableau de Rothko a atteint chez Sotheby's à New York 72 millions de dollars et Christie's a réalisé 325 millions de dollars pour une seule vacation d'art contemporain en novembre dernier.

Cette érosion est d'autant plus sensible que le marché se globalise et que les nouvelles fortunes venues de Russie, Chine, Inde, Amérique latine et, malgré la chute du dollar, toujours des Etats-Unis, font exploser les prix: le marteau est tombé 1.254 fois au dessus du million de dollars en 2007 dans le monde (contre 810 en 2006, année déjà exceptionnelle). Paris (qui représente 84% du marché français) ne marque plus de points que dans quelques secteurs de niche (art primitif, art déco, photographie ancienne, surréalisme) et la France n'est plus qu'un vaste grenier où viennent s'approvisionner les grands marchands internationaux.

Après les suggestions - essentiellement fiscales - du Conseil Economique et Social et de deux sénateurs, la ministre de la Culture, inspirée d'un autre rapport demandé au patron de la FIAC, propose des mesures de renouveau du marché de l'art français. La principale consiste à demander aux banques - devenues mécènes - d'instaurer un prêt à taux zéro à des particuliers pour un achat d'une oeuvre d'un artiste vivant, histoire d'encourager l'arrivée de nouveaux collectionneurs issus des classes moyennes, sachant que le prix d'achat de telles créations oscille entre 5 et 10.000 euros.

Autres propositions, à peaufiner lors du budget 2009, une extension des soutiens au mécénat pour les PME, voire les TPE qui représentent 95% du tissu économique français, un assouplissement des textes sur les dations et différentes mesures techniques (droit de suite, taxe à l'importation, possibilité pour les commissaires priseurs de vendre de gré à gré, etc...).

Si les intentions sont louables, car il s'agit d'encourager un marché de l'art tricolore à la peine, les moyens n'y sont pas. Ce "plan de renouveau" ne coûte pas grand-chose à l'Etat. Il est vrai que la période est à la rigueur budgétaire.

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