Information financière : l'Union européenne et les Etats-Unis attaquent la Chine devant l'OMC

Dénonçant le monopole de l'agence officielle Chine Nouvelle, l'Union européenne et les Etats-Unis ont porté plainte contre la Chine devant l'Organisation mondiale du commerce. Ils dénoncent les mesures imposées par Pékin aux agences étrangères d'information financière, comme Reuters, Bloomberg ou Dow Jones.

La menace a été mise à exécution. Les Etats-Unis et l'Union Européenne ont annoncé aujourd'hui qu'ils avaient porté plainte contre la Chine à l'Organisation mondial du commerce (OMC) concernant les mesures imposées par Pékin aux agences étrangères d'information financière. Depuis la réaffirmation par Pékin en 2006 du monopole de l'agence officielle Chine Nouvelle pour la distribution et la publication des informations d'agences étrangères, l'UE et les Etats-Unis, mais aussi le Canada et le Japon ne décolèrent pas contre cette concurrence jugée déloyale.

Bruxelles a lancé le mouvement ce matin en portant plainte à l'OMC, suivi quelques heures plus tard par les Etats-Unis. Si aucun compromis n'est trouvé avec la partie chinoise d'ici 60 jours, les plaignants peuvent demander la mise en place d'un groupe spécial de l'OMC chargé de trancher le différend. En novembre, lors d'une réunion du comité pour le commerce des services financiers à l'OMC, la situation des agences de presse en Chine avait été soumise par le Canada, les Etats-Unis, le Japon et l'UE.

Pékin s'était alors défendu en arguant qu'au cours de ses négociations d'adhésion à l'institution commerciale conclues fin 2001, aucune disposition ne concernait les services d'information, seuls les services financiers ayant fait l'objet d'une promesse d'ouverture. "Même si certaines agences de presse étrangères fournissent des services d'information financière à des utilisateurs chinois et se présentent comme des fournisseurs d'information financière ou des sociétés de services financiers, cela ne change rien à leur qualité d'agence de presse", avait affirmé le représentant chinois. Un officiel européen avait alors répliqué: "l'agence Chine Nouvelle Xinhua est à la fois la rivale des pourvoyeurs de services d'information financière européen et leur régulateur chinois".

Face aux juges de l'OMC, les plaignants devront faire valoir que les agences telles que la britannique Reuters, les américaines Bloomberg et Dow Jones, qui dominent actuellement le marché chinois, sont à classer parmi les services financiers. "Des marchés de services d'information financière compétitifs et ouverts sont le sang vital d'un secteur financier fort, mais les règles de la Chine ont modifié l'équilibre contre les entreprises étrangères", a affirmé aujourd'hui le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson.

Même son de cloche du côté de Washington. Selon la représentante américaine au commerce Susan Schwab, "le traitement restrictif de la Chine envers les pourvoyeurs de services d'information financière placent les Etats-Unis et les autres pourvoyeurs étrangers dans une situation gravement désavantageuse".

Après le dossier de l'importation de pièces détachées automobiles, pour lequel la Chine a été condamnée en février à l'OMC, Bruxelles attaque pour la deuxième fois Pékin devant l'organisation commerciale. Elle suit ainsi la tendance à l'accroissement des plaintes contre le géant chinois, sur fond de creusement des déficits commerciaux européen et américain vis-à-vis de Pékin. Des plaintes portées par les Etats-Unis sur le respect de la propriété intellectuelle, l'importation de biens culturels américains et les subventions à l'industrie sont encore pendantes devant l'OMC.

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