Les commissions restent encore très hétérogènes

La directive européenne MIF vise à faire la lumière sur l'ensemble des commissions qui rémunèrent la distribution de produits financiers. Lancée dès l'an dernier, son application à tous les prestataires requiert encore quelques discussions.

Pour ce qui concerne les commissions de souscriptions, tout est presque limpide. Elles sont destinées, dans la grande majorité des cas, à rétribuer le distributeur de l'OPCVM. Ces droits d'entrée, dont le montant maximum est mentionné dans le prospectus simplifié, montent généralement jusqu'à 2 % dans les banques à réseaux pour l'achat de fonds maison. Pas question dans les établissements bancaires traditionnels de lorgner vers les fonds externes, des frais supplémentaires, commissions de transactions et droits de garde, décourageant cette démarche. Chez les conseillers indépendants en gestion de patrimoine (CGP) et dans les banques privées, l'accès le plus large aux sociétés de gestion indépendantes est proposé. Mais les droits d'entrée de ces produits grimpent parfois à 4 %. Ce montant est, toutefois, négociable auprès de l'intermédiaire qui peut consentir un effort commercial important en réduisant ses commissions. D'autant que, désormais, les courtiers en ligne fournissent gratuitement un accès à la quasi-totalité des fonds les plus connus.

A L'INSU DU SOUSCRIPTEUR

Face à une telle concurrence, c'est le conseil délivré par l'intermédiaire, le soin qu'il prend à comprendre votre situation et à y adapter le choix des placements, qui peut justifier le paiement de droits. Si vous achetez un fonds indien sur Internet parce qu'il a gagné 80 % l'année précédente, vous risquez, en effet, de perdre bien plus que les frais de souscription que vous avez économisés... Mais si les droits d'entrée focalisent l'attention des souscripteurs, au grand bénéfice des courtiers en ligne, le gros de la rémunération des intermédiaires financiers provient plutôt des frais de gestion facturés chaque année à l'OPCVM. Ceux-ci font, en effet, l'objet d'un partage avec le distributeur sous la forme de commissions reversées par la société de gestion. Dans le cas des CGP, la part de frais rétrocédée peut atteindre les 50 %. C'est sur ces accords, passés à l'insu du souscripteur, que la directive MIF souhaite imposer la transparence.

Évidemment, quelle que soit la répartition entre vendeur et société de gestion, le total des frais qui pèse sur le fonds ne varie pas. L'idée d'informer le souscripteur des rémunérations de son conseiller permet plutôt de mettre en lumière les incitations financières proposées par les différentes sociétés de gestion, qui seraient susceptibles de créer une divergence entre les intérêts du conseiller et celui du client. Pour ce qui est des banques, à la fois sociétés de gestion et distributeurs, la mesure risque cependant de ne pas être très instructive sur les motivations des conseillers à vous vendre fonds bench- markés et produits garantis.

CHAMPIONS DE LA GRATUITE

Mais le besoin de transparence concerne aussi les champions de la gratuité sur Internet. Combien d'habitués des courtiers en ligne savent que, dans certains cas, les sociétés de gestion proposent des parts qui sont plus lourdement chargées en frais que celles que l'on peut acheter via un conseiller indépendant ? De sorte que le cadeau des frais de souscription est récupéré en toute discrétion au bout de quelques années.

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