Une page est en train de se tourner chez SAP. Le géant allemand des logiciels (notamment pour les professionnels, les progiciels), qui vient de racheter le français Business Objects, a annoncé mercredi la nomination, à effet immédiat, de Léo Apotheker, son directeur général adjoint, au poste de "co-CEO", l'équivalent de co-président, sur un pied d'égalité avec Hennig Kagermann. Ce dernier devait lâcher les rênes de l'éditeur à la fin de 2007 mais le conseil de surveillance avait décidé, en février 2007, d'allonger de deux ans son mandat, jusqu'au 31 mai 2009. Une décision qui avait conduit au départ surprise de son dauphin désigné, le quadra Shai Agassi.

Polyglotte et francophile, Léo Apotheker est entré chez SAP il y a vingt ans, pour créer les filiales française et belge. Il a brièvement quitté le groupe entre 1991 et 1995, pour monter son entreprise avant de retourner chez l'éditeur. Patron de la zone Europe de 1999 à 2002, il est ensuite nommé au comité exécutif au poste de "président des opérations et solutions client". Il a notamment accéléré le développement à l'international de SAP, où l'éditeur réalise désormais 82% de son chiffre d'affaires. Age de 54 ans, Léo Apotheker est membre du conseil de surveillance du groupe d'assurances Axa depuis 2005. Il a été élu chevalier de la Légion d'Honneur en décembre 2007.

Hennig Kagermann, 60 ans, prendra bien sa retraite au printemps prochain, a confirmé ce mercredi SAP. Chantre de la croissance interne, Kagermann avait beaucoup critiqué la politique de croissance externe à tout-va des gros éditeurs américains, Microsoft, Oracle, IBM, jusqu'à ce que SAP se résolve, à son tour, en octobre dernier, à procéder à une grosse acquisition, celle du leader de l'analyse décisionnelle, le français Business Objects, pour 4,8 milliards d'euros.

Par ailleurs, SAP, a annoncé un relèvement proposé lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires, le 3 juin, de 9% de son dividende, à 0,50 euro par action au titre de l'exercice 2007. Au total, les actionnaires se verront ainsi verser 599 millions d'euros. SAP maintient donc sa politique de redistribution d'environ 30% de ses profits (1,94 milliard d'euros l'an passé) à ses actionnaires.