Le gouvernement britannique autorise la relance du nucléaire, Areva et EDF sont sur les rangs

Cette décision ouvre un marché d'une valeur potentielle de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour les producteurs d'électricité et les entreprises spécialisées dans les infrastructures énergétiques, dont les groupes français. Greenpeace menace de réclamer en justice l'annulation de cette décision.

Le gouvernement britannique offre, ce jeudi 10 janvier, de belles opportunités de développement à Areva, Alstom ou EDF. En effet, il a accordé comme attendu son feu vert à la construction de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni, annonce ce jeudi, le secrétaire d'Etat aux entreprises John Hutton devant le parlement. "Le gouvernement estime qu'il est dans l'intérêt général que de nouvelles centrales nucléaires jouent un rôle dans l'offre énergétique future du pays, au côté d'autres énergies à faibles émissions de CO2, et qu'il est dans l'intérêt général de permettre aux compagnies d'énergie d'investir dans de nouvelles centrales nucléaires", déclare John Hutton. Le nucléaire aidera le Royaume-Uni à répondre "au double défi d'assurer son approvisionnement futur en énergie et de lutter contre le réchauffement climatique", ajoute-t-il.

Cette décision fait suite à une vaste consultation publique qui s'est déroulée l'an dernier. Le Premier ministre, Gordon Brown, avait déjà préparé le terrain, en déclarant à plusieurs reprises ces derniers mois que "de nouvelles centrales nucléaires ont un rôle potentiel à jouer pour combattre le changement climatique et améliorer la sécurité de l'approvisionnement en énergie". Comme en Allemagne où un ministre plaide pour le nucléaire (voir ci-contre "Pour aller plus loin").

C'est donc un marché d'une valeur potentielle de plusieurs dizaines de milliards d'euros qui s'ouvre. Les producteurs d'électricité vont devoir demander des licences pour construire et exploiter de nouvelles centrales. EDF et sa filiale britannique EDF Energy ont déjà proposé de construire quatre centrales atomiques d'ici 2025, seuls ou en partenariat. Le groupe allemand E.ON s'est également mis sur les rangs. Les entreprises spécialisées dans le nucléaire et les infrastructures énergétiques, comme Areva et Alstom, proposent de construire ces centrales de nouvelle génération.

Les industriels devront cependant prendre à leur charge, à terme, la totalité du coût du démantèlement des nouvelles centrales, et une "part raisonnable" du prix de la gestion des déchets radioactifs qu'elles généreront, a prévenu Downing Street.

Toutefois, le gouvernement britannique devrait devoir affronter la bronca des puissantes organisations écologistes. Greenpeace a menacé vendredi de réclamer en justice l'annulation de la nouvelle consultation, estimant en substance qu'elle n'était qu'une mascarade, dans la mesure où le gouvernement avait de toute façon l'intention dès le départ d'imposer son choix.

Actuellement, 18% de l'électricité consommée en Grande-Bretagne est produite par une dizaine de centrales nucléaires qui datent des années 1960 et 1970. Ces réacteurs vieillissants ne peuvent pas permettre de répondre à une consommation d'énergie toujours en hausse, comme le prix du baril de pétrole, même si le Royaume-Uni dispose encore pour longtemps des gisements de la mer du Nord.

Dès cette annonce, le champion français du nucléaire, le groupe public Areva, dirigé par Anne Lauvergeon, a fait connaître son intérêt et indiqué qu'il souhaitait construire six centrales nucléaires au Royaume-Uni. Il pourrait proposer son EPR, son réacteur nucléaire de nouvelle génération, déjà acheté par la Finlande, la France et la Chine.

Et, ce jeudi après-midi, EDF annonce qu'il va investir dans quatre nouvelles centrales nucléaires britanniques.

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