Nicolas Sarkozy rend hommage aux soldats morts en Afghanistan sur fond de polémique

Le président de la république veut tout de même maintenir la présence militaire française en Afghanistan. Les socialistes critiquent l'engagement des forces tricolores sur place.

Nicolas Sarkozy est arrivé ce mercredi matin à Kaboul. Il a rendu hommage aux dix soldats français tués lundi dans des combats contre les talibans tout en réaffirmant sa volonté de maintenir la présence militaire française dans le pays. Il devait ensuite rencontrer le président afghan Hamid Karzaï. Il doit aussi s'entretenir avec des soldats blessés dans cette attaque dont certains doivent être rapatriés rapidement vers l'Hexagone.

Le président de la république est accompagné du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et du ministre de la Défense, Hervé Morin. Ce voyage a été décidé en urgence après l'annonce d'une embuscade subie lundi par les forces françaises envoyées en Aghanistan qui a fait dix morts et 21 blessés dans les rangs tricolores. C'est le plus lourd tribut versé par l'armée française depuis l'attentat contre l'immeuble Drakkar à Beyrouth en 1983 qui avait fait 58 morts.

Quelque 3.000 militaires français participent à l'Isaf, la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan en Afghanistan. Au total, 70.000 soldats étrangers sont engagés sur le terrain dont une partie sous commandement américain au sein de l'Operation Enduring Freedom. La France avait jusque là perdu 13 hommes sur place depuis 2001. Selon l'AFP (agence France Presse), 176 soldats étrangers y ont été tués depuis le début de l'année.

L'annonce de ces morts tricolores dans une embuscade a nourri une polémique en France, les socialistes reprochant notamment l'engagement français aux côtés des Etats-Unis dans un conflit complexe et alors que les récentes décisions de renforcement du contingent français sur place ont été prises par le président de la république sans demander l'avis des parlementaires. Hervé Morin a voulu couper court à ce débat en rappelant le caractère extrêmiste religieux des talibans et le régime de terreur qu'ils ont fait régner à Kaboul et en Afghanistan quand ils y étaient au pouvoir.

Mais une voix de la majorité est venue apporter de l'eau au moulin de ceux qui critiquent la position française. Spécialiste des quetsions de défense, le député UMP Pierre Lellouche, qui doit conduire avec le socialiste François Lamy une mission parlementaire d'évaluation de la situation en Afghanistan, a proposé ce mercredi "une remise à plat de la stratégie de l'Otan" dans ce pays, cette stratégie étant selon lui "en train d'échouer, aussi bien au niveau politique que militaire". A ses yeux, c'est à partir d'une telle "remise à plat" qu'"un pays comme la France doit décider des conditions de maintien de ses forces".

Il a souligné la gravité de la situation en Afghanistan, avec "une assemblée essentiellement composée de chefs de guerre, quand ce ne sont pas des trafiquants de drogue", et "un renforcement des talibans, y compris maintenant autour de Kaboul". De plus, il dénonce " un désordre considérable dans le système de reconstruction", avec "une multitude d'agences de différents pays, d'ONG (...) qui se marchent dessus".

Le député UMP réclame la tenue, "dès la rentrée", d'"un débat à l'Assemblée nationale sur la situation en Afghanistan, l'opportunité de notre présence là-bas et le rôle exact de notre force", comme le "prévoit" la réforme constitutionnelle adoptée en juillet. Voilà qui ne pas forcément plaire à Nicolas Sarkozy qui a déçu Pierre Lellouche en ne le faisant pas nommer au gouvernement, par exemple comme ministre de la défense.

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