Charles X détrôné

C'est un style de mobilier très caractéristique, fait essentiellement de bois clair et d'incrustations plus foncées. Il n'est plus à la mode, mais plus du tout. D'où des prix aujourd'hui attractifs.

C'est le mobilier du romantisme: si Charles X n'a régné que six ans entre 1824 et 1830, les objets et meubles qui portent son nom ont vu le jour bien avant puisque l'ébéniste Félix Rémond a réalisé dès 1819 le berceau d'apparat de la fille du duc de Berry en placage de loupe de frêne agrémenté de marqueteries en noyer et amarante.

Car ce qui caractérise d'abord le style Charles X très particulier est d'abord l'utilisation massive de bois clair, citronnier, érable moucheté, loupe d'orme ou de frêne, sycomore que décorent des rinceaux ou des rosaces en bois plus foncé. Autre caractéristique, la taille relativement modeste de ce mobilier destiné à des appartements bourgeois, lieux nettement plus petits que les salles des châteaux aristocratiques. La légèreté et le raffinement de ce style n'empêchent pas une bonne assise ou un repos douillet, car la clientèle, jusqu'alors peu habituée à acheter du mobilier d'apparat, était des plus exigeantes quant à son confort.

Progressivement, le style Charles X s'est transformé en "négatif-positif", le bois foncé (palissandre et acajou de Cuba) prenant alors le pas sur le clair qui ne servait plus qu'à la décoration de filets et autres palmettes des plus discrets. Lui succède un autre style, encore plus typiquement représentatif du mode de vie bourgeois, le Louis-Philippe... SAVOIR. La majorité des meubles Charles X est de taille réduite mais d'un aspect raffiné: lits, tables, chaises, fauteuils, bonheur-du-jour et autres coiffeuses ont des formes élégantes, arrondies, aux pieds élancés. Ils sont donc assez fragiles, d'autant que le bois clair et les incrustations laissent plus facilement apparaître les éventuels accrocs. Les pièces abîmées perdent jusqu'à 30% de leur valeur, surtout si elles sont "orphelines", c'est-à-dire seules, car les amateurs préfèrent acquérir un ensemble cohérent. Les meubles en "négatif-positif", plus rares, sont peu recherchés et leur prix est généralement inférieur de 15 à 25% d'un meuble en bois clair équivalent. Beaucoup plus onéreuses mais exceptionnelles, sont les pièces estampillées, notamment Lesage, Bellangé, Jeanselme, Jacob-Desmalter et Baudry.

ACHETER. La mode actuelle délaisse complètement le style Charles X, à tel point que ces meubles si caractéristiques sont relégués en fin de ventes aux enchères. Les prix s'en ressentent et la décote est impressionnante. Une paire de consoles estampillée Lesage adjugée 50.000 euros il y a dix ans ne vaut aujourd'hui qu'un dixième de son prix. Un secrétaire en sycomore est parti à moins de 1.200 euros sur une estimation de 5.000, et un guéridon et sa coiffeuse en érable moucheté - mais sans sa chaise - n'ont pas trouvé preneur à 1.000 euros quand le vendeur en escomptait 7.000.

Autant dire que l'on peut faire des affaires, d'autant que si pendant longtemps les décorateurs ont décrété que le style Charles X n'était conciliable avec aucun autre, aujourd'hui certains de ces architectes d'intérieurs très contemporains recommandent l'achat d'une grande pièce Charles X en bois clair, à condition que le meuble soit de très grande qualité et mis en valeur par un environnement de couleur (tapis, murs, encorbellement...).

Du fait de sa dépréciation, le mobilier Charles X passe rarement lors de vacations de prestige, et on en trouve d'avantage dans les salles des ventes de province qu'à Drouot.

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