Bernanke évoque un risque de récession aux Etats-Unis

Le président de la banque centrale américaine mise toutefois sur une amélioration au second semestre 2008 et surtout en 2009. Alors que selon le FMI, la croissance américaine s'élèverait à 0,5% seulement en 2008 et 0,6% en 2009.

Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a pour la première fois évoqué aujourd'hui le risque d'une récession aux Etats-Unis. "Le Produit intérieur brut ne va pas croître beaucoup, si tant est qu'il croisse, au cours du premier semestre de 2008, et il pourrait même se contracter légèrement", a-t-il affirmé lors d'un discours devant le Congrès. Le Fonds monétaire international qui doit publier ses prévisions révisées la semaine prochaine s'apprête à ramener la croissance américaine 2008 à 0,5% selon plusieurs sources concordantes alors qu'il prévoyait 1,5% en janvier. Pour 2009, le FMI anticipe une croissance de 0,6% seulement pour les Etats-Unis.

Ben Bernanke est quant à lui un peu plus optimiste pour l'année prochaine. "L'activité économique devrait se renforcer au second semestre, notamment du fait des politiques monétaire et budgétaire, et la croissance devrait s'établir autour de son rythme de croisière, ou un peu au dessus, en 2009", a-t-il observé. Le président de la Fed a toutefois souligné qu'en raison des turbulences récentes sur les marchés financiers, ces prévisions étaient entourées d'incertitudes "élevées".

Ben Bernanke est par ailleurs longuement revenu sur l'intervention controversée de la Fed en faveur de la banque Bear Stearns, qu'elle avait sauvée de la banqueroute en organisant son rachat par sa consoeur JPMorgan à la mi-mars. "Normalement, le marché décide quelles entreprises survivent et quelles autres échouent", mais "les problèmes posés dans ce cas allaient bien au-delà du sort d'une entreprise", a-t-il affirmé. Car, selon lui, une faillite de Bear Stearns n'aurait pas pesé seulement sur le système financier "mais aurait été ressentie largement dans l'économie", avec des conséquences "imprévisibles mais sans doute sévères" pour le fonctionnement des marchés et l'ensemble de l'économie".

A noter que les marchés boursiers n'ont pas piqué du nez en entendant ce discours et cette perspective de récession américaine, bien au contraire. Selon les experts, les observateurs parient en effet sur de nouvelles baisses des taux face à ce risque sur la croissance outre-Atlantique et dans le monde.

Nouvelle baisse des commandes industrielles mais amélioration sur l'emploi
Les commandes industrielles aux Etats-Unis ont baissé plus que prévu en février : - 1,3% par rapport à janvier après un recul de 2,3% le mois précédent, a annoncé ce mercredi le département du Commerce. Toutefois, sur un an, elles progressent encore de 8,2%. Hors transports, les commandes ont reculé de 1,8%, après avoir déjà enregistré un repli de 0,4% en janvier. Hors défense, elles ont baissé de 2,4% après un recul de 1,0%. Les commandes industrielles de biens durables ont reculé de 1,1% contre une première estimation de baisse de 1,7%. Elles avaient plongé de 4,4% en janvier. Les commandes de biens non durables ont baissé de 1,5%, après une légère hausse de 0,3% en janvier. Parallèlement, les stocks ont augmenté en février (comme lors de douze des treize derniers mois) : + 0,5% pour atteindre leur plus haut niveau depuis 1992. Le ratio des stocks aux livraisons a progressé à 1,27 en février.
Par ailleurs, sur le front de l'emploi outre-Atlantique, le secteur privé américain a gagné 8.000 emplois en mars, après en avoir perdu 18.000 en février, a annoncé ce mercredi le cabinet de gestion en ressources humaines ADP. Des chiffres supérieurs aux attentes qui anticipaient un nouveau recul. Les chiffres de février ont revus avec 18.000 postes perdus contre -23.000 d'abord estimés. L'emploi continue à reculer aux Etats-Unis dans le secteur productif pour le seizième mois consécutif (77.000 licenciements en mars et 58.000 dans le seul secteur manufacturier, en recul depuis 19 mois) mais le secteur des services a connu 85.000 embauches. "Les deux secteurs les plus durement frappés par les problèmes récents du marché immobilier ont été la construction résidentielle et les activités financières" souligne le cabinet ADP avec 22.000 emplois perdus dans le secteur de la construction, en recul pour le seizième mois consécutif, (-259.000 depuis le "pic" d'août 2006) On connaîtra dans deux jours les chiffres officiels du chômage américain pour mars. Les économistes prévoient la perte de 50.000 emplois après celle de 63.000 en février. Le taux de chômage devrait du coup passer de 4,8% à 5%.

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