Le secteur bancaire prône l'auto-contrôle, alors qu'une première faillite frappe l'Allemagne

Un groupe de banques internationales présidé par Jo Ackermann, patron de Deutsche Bank, veut constituer un comité d'experts pour prévenir d'autres crises financières. Ce mercredi, la BaFin, autorité de tutelle du secteur bancaire allemand, a suspendu les opérations de la Weserbank, établissement bancaire de Bremerhaven.

Les grandes banques internationales veulent remédier par leurs propres moyens à la crise financière et éviter de subir une intervention du politique pour durcir la législation. L'Institut international de la finance (IIF), qui regroupe les grandes banques mondiales, a annoncé ce mercredi à Francfort vouloir mettre sur pied un groupe d'experts financiers chargé de mettre en place un code de bonne conduite pour le secteur.

L'IFF plaide pour une meilleure gestion des risques et une transparence plus grande sur la manière notamment de rémunérer les cadres dirigeants. Le président de l'IFF, Josef Ackermann, également président du directoire de la Deutsche Bank, a indiqué à ce propos que la rentabilité et les perspectives à long terme des établissements étaient les critères déterminants en la matière. L'institut réclame aussi que les méthodes de notation par les agences de notation financières, très critiquées depuis le début de la crise, puissent être auditées.

Egalement dans le collimateur des banquiers, les règles comptables internationales qui obligent à évaluer chaque trimestre les instruments financiers à la valeur de marché ou valeur de revente. Cela a pu créer des vagues de dépréciations alors que les banques n'ont pas l'intention de se séparer de leurs actifs, explique Ackermann, selon qui la crise n'est pas finie et va encore occasionner des pertes à l'avenir.

La crise a déjà failli causé la faillite d'une banque outre-Manche, où la Northern Rock a été récemment nationalisée pour éviter le naufrage. En Allemagne, les clients de la Weserbank à Bremerhafen, dans le nord du pays, n'ont pas eu cette chance, en trouvant ce mercredi porte close. Pour la première fois depuis l'éclatement de la crise financière mondiale l'été dernier, une banque allemande est frappée d'un dépôt de bilan.

La BaFin, autorité de tutelle du secteur bancaire et de la Bourse outre-Rhin, a annoncé avoir suspendu les opérations de la Weserbank. Celle-ci étant incapable de faire face à son passif, une procédure de dépôt de bilan a été initiée à son encontre par le régulateur.

La Bafin précise toutefois que les dépôts des clients, estimés à 26 millions d'euros, sont protégés par le biais d'un fonds de garantie qui existe au sein de la fédération des banques privées allemandes. Cette protection ne joue cependant qu'à hauteur de 20.000 euros par client.

Avec environ 2.800 clients et un actif de l'établissement s'élevait à 120,4 millions d'euros recensé fin 2007, la Weserbank n'est pas à proprement parler un poids lourd de la finance allemande. Créée en 1912 en finançant d'abord les abattoirs de la région de Brème, la banque doit sa déconfiture, selon la Bafin, à une reconversion manquée dans la banque d'investissement à partir de 2006. L'établissement n'aurait jamais généré suffisamment de revenus en s'étant spécialisé dans l'accompagnement de PME cotées.

Le président du directoire, Gerold Lehmann, assure quant à lui que "la banque aurait pu survivre s'il n'y avait pas eu la crise financière au niveau mondial". Celle-ci a causé de fortes dépréciations sur ses actifs au bilan et coupé des sources de revenus avec l'arrêt momentané des introductions en bourse de sociétés. Aucun repreneur n'a pu être trouvé ces derniers temps.

Après IKB, SachsenLB et BayernLB, la liste des banques allemandes touchées par la crise du "subprime" ne cesse de s'allonger. Ce mercredi, la HSH Nordbank, seule banque détenue directement par l'Etat (les Landesbanken sont elles co-détenue par les Länder), a vu ses profits - désormais passés en norme IFRS - plonger de 66% en 2007. Ils sont passés de 830,3 à 285,4 millions d'euros après des dépréciations massives de 1,3 milliard d'euros liées à la crise du "subprime".

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