La croissance a accéléré au premier trimestre 2008 dans la zone euro, atteignant 0,7% comparé à 0,4% le trimestre précédent, selon une première estimation rendue publique ce jeudi par l'Office européen des statistiques Eurostat. Ce rebond est plus fort que celui que prévoyaient les experts, qui attendaient en général une hausse de seulement 0,5%.

Sur un an, le produit intérieur brut (PIB) de la zone a augmenté de 2,2% au premier trimestre, comme au quatrième trimestre 2007. Le regain de croissance semble avoir été soutenu notamment par la robustesse étonnante de l'Allemagne: la première économie de la zone euro a annoncé en effet que son PIB avait crû de 1,5% au premier trimestre, après 0,3% au quatrième.

Mais d'autres pays européens, dont la France, ont annoncé le même jour des chiffres de croissance en hausse. Beaucoup ont fait état de niveaux élevés d'investissements des entreprises.

Mais la demande des ménages semble moins dynamique, plombée par des inquiétudes sur le pouvoir d'achat alors que l'inflation reste élevée: elle atteignait encore 3,3% sur un an en avril, avec une hausse des prix mensuelle de 0,3%. Cette inflation, mais aussi l'euro fort et le ralentissement aux Etats-Unis, font dire à la majorité des économistes que l'embellie risque d'être de courte durée pour l'économie européenne. Ces derniers tablent d'ores et déjà sur un ralentissement de la croissance dès le deuxième trimestre.

L'inflation a probablement atteint un pic en mars et devrait continuer à progressivement s'assagir au cours de l'année même si les risques d'un dérapage des prix demeurent, a estimé de son côté la Banque centrale européenne dans son bulletin mensuel publié aujourd'hui. En mars, l'inflation avait atteint un niveau record de 3,6% sur un an, avant de retomber à 3,3% en avril, selon une deuxième estimation d'Eurostat.

"L'inflation a probablement atteint un pic en mars mais le repli estimé en avril doit être considéré avec prudence", écrit la BCE, mettant en garde pour l'avenir contre le pétrole cher, les prix élevés des aliments et des matières premières, et les risques de retombées inflationnistes découlant de très fortes hausses salariales ou d'augmentations imprévues d'impôts indirects. L'institut monétaire reste toutefois convaincu que l'inflation, même si elle va rester élevée sur "une période prolongée", va graduellement s'apaiser au fil des mois.

Selon un sondage d'experts européens publié tous les trois mois dans le bulletin, le taux d'inflation atteindrait en moyenne 3% cette année en zone euro (contre 2,5% prévus précédemment) et 2,2% en 2009 (contre 2%). Pour la BCE, les prix sont maîtrisés quand il évoluent légèrement en dessous de 2% sur un an à moyen terme.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a salué les chiffres de croissance de la zone euro au premier trimestre. "C'est une bonne nouvelle et cela fait toujours plaisir", a-t-il déclaré au Forum économique de Bruxelles. "Il est probablement trop tôt pour en tirer des conclusions et nous verrons comment les choses évoluent dans les prochaines semaines", a-t-il cependant prévenu.