"Le voyage de Primo Levi"
Dix mois. C'est le temps qu'il a fallu à Primo Levi, l'auteur de "Si c'est un homme", pour rentrer chez lui après sa libération d'Auschwitz le 27 janvier 1945. Car il a dû emprunter pour ce voyage les routes de Pologne, d'Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie, de Roumanie, de Hongrie, de Slovaquie, d'Autriche et d'Allemagne avant de retrouver les siens à Turin. Au lendemain du soixantième anniversaire de la libération d'Auschwitz, les réalisateurs Davide Ferrario et Marco Belpoliti ont suivi le chemin emprunté par l'écrivain. L'occasion d'un formidable documentaire. Porté par un montage dynamique et plein d'humour, il entraîne les spectateurs au coeur de l'Europe d'hier mais surtout d'aujourd'hui. Nationalisme, globalisation, émigration, montée en puissance du religieux, nucléaire... Chaque escale permet d'aborder l'une des problématiques qui agite désormais le continent. Et c'est passionnant.
Y. Y.

"Dans la vie"
Avec "Dans la vie", le cinéaste Philippe Faucon continue d'explorer les thèmes qui lui sont chers et qu'il n'a cessé d'aborder tout au long de sa carrière. "La trahison" revenait sur la guerre d'Algérie à travers le témoignage d'un sous-lieutenant français, "Samia" portait un regard juste sur la banlieue marseillaise, "Dans la vie" se penche cette fois sur les rapports entre deux communautés de Français d'origine algérienne. Inspirée par l'expérience d'infirmière de Yasmina Faucon (co-scénariste), le film s'amorce autour du personnage d'Esther, femme âgée juive et paraplégique, qui va petit à petit se lier d'amitié avec sa garde-malade musulmane pratiquante. A travers une histoire simple, Philippe Faucon parvient à aborder un sujet qui est loin de l'être. Il le fait avec délicatesse et humour. On en ressort gonflé d'espoir.
O. L. F.

"MR 73"
Plus noir, plus étouffant, plus poisseux encore. Trois ans après le magistral "36 quai des Orfèvres", le réalisateur Olivier Marchal revient à l'écran avec "MR 73", un nouveau polar. Sans malheureusement renouer avec la force de son précédent film. Peut-être parce qu'il en fait trop, poussant chacun des ingrédients de "36" à son maximum. Ainsi, de noir le film devient opaque. Les dialogues hier inspirés et plein d'ironie, en deviennent aujourd'hui risibles tant ils sont définitifs. Jusqu'à Daniel Auteuil qui nous a rarement habitué à un jeu aussi appuyé. Il campe, ici, le personnage d'un flic hanté par une affaire sordide dont l'un des protagonistes - un tueur en série - s'apprête à sortir de prison au désespoir de la fille des victimes (Olivia Bonamy). En attendant, notre homme - bousillé par l'alcool - tente de mener à bien une autre enquête. Mais c'est surtout sa déchéance, explorée sous toutes les coutures, qui intéresse le réalisateur. Jusqu'à saturation du public.
Y. Y.

"Modern Love"
Bercée par les comédies romantiques américaines, une nouvelle génération de réalisateurs français s'empare aujourd'hui du genre, et prend plaisir à s'en moquer. Gentiment. Marc Gibaja y parvenait très bien avec "Ma vie n'est pas une comédie romantique", il y a quelques mois. Stéphane Kazandjian, a aujourd'hui plus de mal. Car il manque à son "Modern Love" un souffle qui permettrait à son film de décoller réellement. Et de donner un peu plus de piquant à ces couples qui se croisent, se font et se défont. Il y a certes, ici, quelques belles trouvailles (comme l'idée du film dans le film) et d'excellents comédiens. A commencer par Bérénice Béjo dont Kazandjian dévoile le pouvoir comique. Mais ce n'est malheureusement pas suffisant pour rattraper le scénario.
Y. Y.