Citi prévoit de céder 400 milliards de dollars d'actifs d'ici à trois ans

Après plus de 30 milliards de dollars de dépréciations d'actifs et 15 milliards de dollars de pertes en six mois, Citigroup annonce son projet de cession d'actifs non stratégiques dont le montant est susceptible d'atteindre 400 milliards de dollars (258 milliards d'euros). Un montant qui inquiète les investisseurs.

Vikram Pandit, PDG de Citi, passait aujourd'hui un grand oral en détaillant l'avenir de la première banque américaine. En attendant la réunion d'investisseurs, Citi avait déjà indiqué sur son site dans un long document qu'elle envisage de céder des actifs non stratégiques pour la somme colossale de 400 milliards de dollars (258 milliards d'euros). Citi précise qu'elle dispose de quelque 500 milliards de dollars d'actifs non stratégiques et qu'elle veut réduire ce montant à moins de 100 milliards d'ici deux à trois ans. Au total, les cessions porteraient sur environ 20% des actifs du groupe.

Depuis son arrivée à la tête du groupe en décembre après la démission de Charles Prince, victime de la crise financière, le directeur général de Citi, Vikram Pandit, était soumis aux pressions insistantes d'investisseurs désireux de le voir réduire les coûts, vendre les activités les moins rentables, voire scinder le groupe. Car pour une partie des observateurs, le géant financier né en 1998 de la fusion de Citicorp et de Travelers est devenu trop gros pour être géré efficacement, un argument que Prince avait toujours rejeté.

Au cours de la réunion d'investisseurs et d'analystes, Pandit a assuré aujourd'hui que Citigroup n'était "ni un conglomérat, ni un supermarché de la finance". Il a néanmoins reconnu la nécessité de céder la majeure partie des quelque 500 milliards d'actifs dits "historiques". Pour Pandit, trois grandes étapes attendent Citigroup: la remise sur pied, la restructuration et l'optimisation. Mais chacune d'elles prendra du temps, a-t-il averti.

La banque a également indiqué qu'elle vise une croissance annuelle de 10% du chiffre d'affaires de ses activités stratégiques. Elle prévoit ainsi une augmentation de 7% des opérations par cartes, de 8% pour la banque de détail, de 9% pour les valeurs mobilières et la banque privée et de 14% pour les services sur les transactions.

Même si Citigroup a déjà expliqué auparavant vouloir céder des actifs pour améliorer ses ratios de capitalisation, les montants évoqués étonnent et inquiètent certains analystes. "La seule raison pour laquelle ils pourraient vendre autant d'actifs, c'est la perspective de pertes à venir supérieures aux estimations initiales", note Jim Huguet, du gérant de fonds Great Companies, qui ne détient aucun titre Citigroup.

Depuis la fin de l'an dernier, Citigroup a annoncé plus de 30 milliards de dépréciations et de pertes sur produits de crédit; parallèlement, le groupe a levé plus de 40 milliards de dollars de capitaux, dont deux milliards cette semaine, et il a réduit son dividende de 41%. En Bourse, l'action Citi a perdu 55% de sa valeur depuis un an, ramenant la capitalisation du groupe à 128 milliards de dollars environ. Le titre a fini jeudi à 24,30 dollars.

On ignore encore la nature exacte des actifs stratégiques qui seraient mis en vente mais des analystes estiment qu'il pourrait s'agir entre autres des activités de crédit à la consommation aux Etats-Unis, au Japon, au Mexique et en Allemagne. Lors de la réunion de vendredi, Vikram Pandit devait rejeter les appels à une scission du groupe, que certains observateurs jugent régulièrement trop gros pour être géré efficacement. Il devait au contraire vanter les mérites d'une combinaison entre les activités de banque de détail et de banque de gros et se prononcer pour des cessions en dehors de ces deux grandes branches.

Selon un analyste, le groupe aurait de fait intérêt à céder sa division de crédit aux étudiants aux Etats-Unis, une activité dont le cadre réglementaire a récemment évolué et dont la rentabilité a souffert des turbulences sur le marché de la titrisation. Le Wall Street Journal a rapporté cette semaine que Citigroup pourrait vendre Primerica, un réseau de vente au grand public de produits d'assurance vie et d'investissement. Citi pourrait aussi envisager de céder une partie de ses actifs de trading, qui ont contribué pour une bonne part aux dépréciations massives des derniers mois, juge Thomas Russo, associé du gestionnaire Gartner Russo & Gartner.

"Tout dépendra du prix qu'ils en obtiennent et de la manière dont cela se passe, mais s'ils finissent par y arriver et s'ils s'en débarrassent, ce pourrait être une bonne chose pour Citi", explique encore ce gérant. Un autre ajoute que le projet présenté par Vikram Pandit vendredi pourrait marquer un tournant dans l'histoire du groupe créé il y a dix ans par Sanford "Sandy" Weill.

Un autre volet du projet attendu vendredi devrait porter sur la volonté du groupe de réduire ses charges d'exploitation d'une quinzaine de milliards de dollars, soit environ un quart des charges annuelles totales. La banque a annoncé 13.200 suppression d'emplois depuis le début de l'année et les analystes estiment qu'elle pourrait en supprimer plusieurs dizaines de milliers d'autres, sur un total de 369.000 salariés fin mars.

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