Après six séances consécutives de hausse, Wall Street est nettement repartie à la baisse ce vendredi. Les pertes intiales se sont creusées après l'annonce de poursuites à l'encontre de Goldman Sachs, accusée de fraude liée aux "subprime". Les marchés avaient également ouvert dans le rouge, malgré des résultats supérieurs aux attentes des analystes. Mais ces derniers s'étaient pris à espérer encore mieux après les performances solides de JPMorgan et d'Intel. Un optimisme qui avait porté les indices new-yorkais depuis le début de la semaine, une hausse désormais jugée excessive. Dans ce contexte, les investisseurs préfèrent donc prendre leurs bénéfices, d'autant que l'indice du Michigan est nettement moins bon que prévu.

A la clôture, le Dow Jones perd 1,13% à 11.019 points, le Nasdaq recule de 1,37% à 2.481 points et le S&P 500 cède 1,61% à 1.192 points.

Sur le front des statistiques, la confiance des consommateurs américains a nettement reculé. L'indice de l'Université du Michigan ressort en effet à 69,5 en avril, au plus bas depuis novembe dernier. Les économistes espéraient un chiffre de 75, après l'indice de 73,6 enregistré en mars. Le moral des ménages est particulièrement important outre-Atlantique, leur consommation représentant le moteur traditionnel de la croissance.

Par ailleurs, le secteur de la construction confirme son regain de forme. Les mises en chantier ont touché en mars leur plus haut niveau depuis novembre 2008, à 626.000 unités en rythme annuel. Les économistes misaient sur 610.000. En outre, le chiffre du mois dé février a été revu à la hausse. De leur côté, les demandes de permis de construire ont bondi en mars, s'élevant à 685.000. Il s'agit de leur plus haut niveau depuis octobre 2008. Le marchés avaient anticipé 630.000 permis.

Du côté des valeurs, Goldman Sachs plonge de 12,79% à 160,70 dollars. La "Securities & Exchange Commission" (SEC), le gendarme boursier américain, vient d'ouvrir une enquête pour fraude contre la grande banque d'affaires américaine. Cette dernière est accusée d'avoir trompé les investisseurs "en passant sous silence des faits essentiels sur certains produits financiers liés aux prêts subprime. La SEC reproche à l'établissement d'avoir caché aux marchés qu'elle avait poussé à la création des "subprime", ces titres d'investissements liés à des crédits hypothécaires à risque dont l'éclatement avait provoqué la crise financière, à la demande de l'un de ses principaux clients, le fonds d'investissements Paulson. Au même moment, ce dernier prenait des positions importantes en pariant sur la chute du marché immobilier.

Dans son sillage, Bank of America recule de 5,49% à 18,41 dollars, après avoir pris près de 5% depuis le début de la semaine. La première banque américaine a dépassé les attentes au premier trimestre, publiant un bénéfice net de 2,83 milliards de dollars. Ce dernier ressort à 28 cents par action, bien au-delà des 9 cents anticipés par les analystes. L'établissement était tombé dans le rouge lors des deux derniers trimestres, alors qu'il avait dû rembourser les 45 milliards de dollars d'aides publiques reçues pendant la crise financière. Le produit net bancaire, l'équivalent du chiffre d'affaires pour les banques, a pour sa part reculé de 11%, à 32,3 milliards de dollars. Mais les opérateurs redoutaient un repli plus marqué, misant sur des revenus de 27,97 milliards.

General Electric perd 2,72% à 18,97 dollars. Le conglomérat géant américain a lui aussi fait mieux que prévu sur les trois premiers mois de l'année. Ses profits ont certes baissé de 32% à 1,87 milliard de dollars, mais ils s'élèvent à 21 cents par action là où les marchés n'attendaient que 16 cents. La branche financière GE Capital a dégagé un bénéfice de 600 millions de dollars après avoir pesé sur les résultats du groupe pendant plusieurs trimestres. Le chiffre d'affaires du conglomérat accuse en revanche un repli de 5%, à 36,6 milliards de dollars. Une performance légèrement inférieure aux prévisions des marchés (37,1 milliards). Mais le groupe n'exclut pas de voir ses profits progresser cette année, alors qu'il escomptait jusque là une stabilité de ses résultats.

Toujours au chapitre de résultats, Google a dégagé un bénéfice net de 1,96 milliard de dollars au premier trimestre, soit une hausse de 37% sur un an. Par action et hors éléments exceptionnels, cela représente à 6,76 dollars, soit 16 cents de mieux que le consensus. Le chiffre d'affaires hors TAC (qui exclût la partie des revenus reversée aux sites partenaires) a pour sa part progressé de 24% à 5,06 milliards de dollars. Les investisseurs avaient anticipé 4,95 milliards de dollars. Malgré ces bons résultats, le géant de l'Internet plonge de 7,56% à 550,31 dollars. Il faut dire que le titre a bondi de plus de 5% depuis le début de la semaine, les investisseurs espérant des performances encore plus solides. Ils sanctionnent également la hausse des dépenses et l'appétit du groupe en matière de rachat d'entreprises.

Forte baisse également pour Advanced Micro Devices (-3,44% à 9,81 dollars), qui a pourtant nettement battu les attentes. Le deuxième fabricant mondial de microprocesseurs est resté dans le vert sur la période, avec 257 millions de dollars de profits. Le bénéfice par action ressort en effet à 35 cents, une fois les éléments exceptionnels exclus, là où les marchés misaient sur une perte de 7 cents. Et ses ventes ont grimpé de 34% sur la période, à 1,57 milliard de dollars, profitant de la hausse des ventes d'ordinateurs. Elles étaient escomptées à 1,54 milliard de dollars. Mais après les très bons résultats d'Intel, les opérateurs espéraient qu'AMD affiche un chiffre d'affaires plus important. Ils sont en outre déçus par les prévisions du groupe, qui a prévenu que ses ventes pourraient baisser de 5% au deuxième trimestre par rapport au premier.

A l'opposé Mattel progresse de 0,38% à 23,84 dollars. Le numéro un mondial du jouet a publié ce vendredi un bénéfice net de 25 millions de dollars au premier trimestre, soit 7 cents par action. Les opérateurs s'attendaient au contraire à une nouvelle perte, de l'ordre de 3 cents par titre. Le fabricant des poupées Barbie a vu ses ventes progresser de 12% sur le trimestre, à 880 millions de dollars. C'est également supérieur aux prévisions des analystes, qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 860 millions.

Au chapitre des fusions et acquisitions, l'australien Macarthur Coal a accepté d'ouvrir des discussions avec Peabody (-3,60% à 46,02 dollars). Le groupe minier, numéro un du charbon outre-Atlantique, a relevé son offre de rachat, la portant à 3,8 milliards de dollars. Le groupe australien avait déjà rejeté deux précédentes offres. Cette nouvelle proposition représente une prime de 32% par rapport au cours de Bourse de Macarthur avant le lancement des hostilités. Ce dernier avait indiqué à plusieurs reprises qu'il souhaitait se concentrer sur son projet de rachat de son concurrent Gloucester Coal.

Enfin, Oracle va racheter son compatriote Phase Forward, spécialisé dans les services aux laboratoires pharmaceutiques. L'éditeur de logiciels professionnels offre une prime de 30% aux actionnaires de sa cible, dont l'action flambe ce vendredi de % à dollars. Le montant total de l'opération est estimé à 685 millions de dollars. Une somme qui semble convenir aux investisseurs, le titre d'Oracle limitant son repli à 0,95% à 25,95 dollars.