Michelin chute sur fond de hausse des prix des matières premières

A l'occasion de la publication d'un chiffre d'affaires trimestriel meilleur que prévu, Michelin a fait part de pressions haussières sur les prix des matières premières. Le titre chute de 2,45% en Bourse.

Michelin a confirmé mardi ses objectifs 2010 à la lumière d'un troisième trimestre marqué par une poursuite de la reprise de la demande sur le marché du pneumatique et des effets de base et de change très favorables. Le numéro un mondial du secteur, avec le japonais Bridgestone, a réalisé au troisième trimestre un chiffre d'affaires de 4,65 milliards d'euros, en hausse de 23,8%. "Dans ce contexte, Michelin confirme avec confiance ses objectifs pour l'année 2010", a déclaré le groupe dans un communiqué.

Il vise toujours une hausse des volumes de ventes de l'ordre de 12%, une augmentation des coûts des matières premières de 600-650 millions d'euros, une marge opérationnelle proche de 9% avant éléments non récurrents et un cash flow positif. La croissance enregistrée au troisième trimestre traduit une accélération par rapport au deuxième, quand le chiffre d'affaires avait progressé de 17%. Sur neuf mois, les ventes nettes ressortent en hausse de 19,4% à 13 milliards.

La hausse des volumes a atteint sur les neuf premiers mois de l'année 13,8%, accentuée par un comparatif favorable au troisième trimestre puisqu'à pareille époque en 2009, la crise automobile se faisait toujours sentir dans le secteur du pneu, surtout pour les poids lourds. Michelin a prévenu que les bases de comparaison seront plus élevées au quatrième trimestre.A la hausse des volumes viennent s'ajouter un effet mix-prix positif de 0,5%, imputable aux hausses de tarifs du groupe pour compenser l'augmentation du prix du caoutchouc, et un impact positif de 4,3% lié à l'évolution des devises. "C'est meilleur que prévu, mais largement dû aux effets de change", commente Stuart Pearson, analyste du secteur chez Morgan Stanley.

"Et ces chiffres ne changent pas fondamentalement la question du moment pour Michelin, qui reste de savoir ce qu'ils comptent faire du cash qu'ils ont levé grâce à leur augmentation de capital." Ce mercredi, l'action Michelin a clôturé en baisse de 2,45% à 57,79 euros. Depuis le début de l'année, le titre a pris 7,9% environ, après un gain de plus de 40% l'an dernier.

PETITES ET MOYENNES ACQUISITIONS

Michelin a levé la semaine dernière 1,22 milliard d'euros pour financer l'accélération de son développement sur les marchés émergents. Il entend porter ses investissements annuels de 1,2 milliard d'euros à 1,6 milliard en moyenne à compter de 2011, notamment pour construire des capacités supplémentaires équivalant à une nouvelle usine chaque année. Le groupe a déjà trois nouvelles usines en projet ou en chantier, en Inde dans le pneu poids lourd, au Brésil dans le pneu voiture et en Chine sur les deux segments.

Il s'estime aussi en meilleure position aujourd'hui pour regarder d'éventuelles acquisitions. "S'il y a un marché où nous serions susceptibles d'étudier de bonnes opportunités, ce ne sera pas le pneu 'premium' mais le pneu 'low cost de qualité' où nous ne sommes pas assez présents", a indiqué Jean-Dominique Senard, l'un des trois gérants du groupe, au cours d'une téléconférence. "Ces opérations ne seront pas nécessairement de grande taille, mais probablement de taille moyenne ou petite", a-t-il ajouté.

Sur neuf mois, en première monte (les pneus équipant les voitures neuves qui sortent des usines des constructeurs), le marché du tourisme camionnette ressort en hausse de 36% en Asie grâce à la Chine et en croissance de 24% en Amérique du Sud. En Amérique du Nord, la demande bondit de 54%. "En Europe, les marchés du pneu poursuivent leur reprise, en ligne avec l'activité des constructeurs automobiles et soutenue par le rebond de plus en plus accentué de la demande en Russie", a également précisé Michelin dans son communiqué. En revanche, la croissance du marché première monte est plus forte que celle du marché du remplacement, où les marges sont supérieures. A ce titre, Michelin s'est félicité du niveau de la demande actuelle en pneus hiver (+25% à fin septembre), qui s'explique par la reconstitution des stocks en Europe après les conditions météorologiques rigoureuses de l'hiver dernier.

Pourtant en Bourse, le titre chute. Les investisseurs se sont focalisés sur la hausse des prix des matières premières évoquée par la direction alors que l'action bondit de 11,5% depuis début octobre. Ce qui n'empêche pas les analystes de Deutsche Bank, qui notent que le chiffre d'affaires du troisième trimestre est supérieur aux attentes, de rester positifs sur la valeur . Deux facteurs expliquent cette optimisme. La reprise mondiale de la demande de pneumatique devrait alimenter une hausse des prix dans ce secteur. Par ailleurs, la marge opérationnelle du groupe clermontois devrait être dopé par le programme de réduction de coûts en cours.

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