Pernod Ricard : une valeur "défensive" qui se paie au prix fort

Avec l'aggravation de la crise en Europe du Sud, Pernod Ricard s'est voulu rassurant et a indiqué qu'il ne percevait pas de détérioration significative de ses opérations en Espagne. Toutefois, le spécialiste des vins et spiritueux reste très attentif à l'évolution de ce marché. L'Espagne compte pour 5% du chiffre d'affaires du numéro deux mondial des spiritueux derrière Diageo et pour 17% de ses ventes en Europe.

Le groupe tricolore tient à minimiser l'impact de la dégradation de l'économie espagnole sur son activité alors que Danone avait lancé un avertissement sur ses marges 2012, le 19 juin dernier en raison des difficultés perceptibles de l'autre coté des Pyrénées.
En avril dernier, Pernod Ricard avait confirmé ses objectifs financiers annuels à savoir une croissance d'environ 8% du résultat opérationnel pour l'exercice 2011-2012 après avoir publié des ventes à 9 mois dynamiques grâce la croissance des ventes du « Top 14 » c'est-à-dire les 14 marques stratégiques du groupe, dont Havana Club, Absolut et Chivas Regal. La bonne dynamique du groupe se confirme donc alors que les résultats communiqués à l'issue du premier semestre étaient très encourageants, d'autant plus que les deux-tiers de l'activité de l'entreprise ont lieu sur cette période. Le groupe parvient à préserver ses marges notamment en appliquant une hausse de ses tarifs sur ses marchés les plus actifs, Chine en tête. Pernod Ricard a récemment présenté un cognac Martell commercialisé 2 500 euros le beau-flacon ! Cette zone représente aujourd'hui 40% de l'activité de Pernod Ricard.

Ainsi, ce positionnement pris sur les marchés « haut-de-gamme » assure au français une position défensive et lui permet d'amortir les contre performances des marchés matures dont la croissance sur ces terrains est relativement modeste... En parlant de marchés matures, l'Europe et tout particulièrement la France donne du fil à retordre à Pernod Ricard. Le groupe présidé par Pierre Pringuet avait indiqué en février à l'occasion de la publication des résultats semestriels du groupe, que la consommation d'alcool de spiritueux se trouvait déjà déprimée dans l'Hexagone par les augmentations de prix consécutifs au durcissement des taxes. La hausse a atteint de 1,10 euro à 1,20 euro pour une bouteille d'apéritif à de 70 cl à 40%, et près de 2 euro pour une bouteille d'un litre de pastis à 45 °. Conséquence, de ce tour de vis sur les droits d'accise et du mouvement de restockage des grossistes observé au deuxième trimestre, les ventes en France ont chuté de 42%, à 78 millions d'euros au troisième trimestre 2012. Il n'est guère étonnant que la société table sur un marché français en recul de 7% à 8% pour l'année en cours.

Sur le front de l'endettement, le groupe prend à bras le corps ce problème et s'évertue à poursuivre ses efforts pour alléger la barque. Pour mémoire, le français s'était lourdement endetté à hauteur de 5,626 milliards d'euros pour acquérir en 2008, la marque de vodka Absolut auprès de la société suédoise Vin & Sprit. Mais au final, Pernod Ricard a réussi tant bien que mal à retomber sur ses pattes et parvient désormais à honorer ses échéances financières sans encombre. Le désendettement de Pernod Ricard transparaît dans l'évolution du ratio de dette nette/ Ebitda. « Nous étions à 4,4 à la fin juin 2011, nous sommes à 3,9 à fin décembre 2011. Le surstockage a contribué à la baisse de ce ratio, mais sans ce surstockage il serait de 4,1 à fin décembre 2011, soit une baisse de 0,3 points par rapport à la fin juin 2011 » a expliqué Gilles Bogaert. Pernod Ricard a donc relevé son objectif de 'gearing' pour l'exercice 2011-2012... « Notre objectif à fin juin 2012 est d'avoir un ratio proche de 3,9 » a précisé le directeur général adjoint du groupe lors de la Conférence de présentation des comptes semestriels de Pernod Ricard.

Le caractère défensif de la valeur se ressent dans sa valorisation. Une résistance qui a un prix, Pernod Ricard se paie à savoir près de 3,6 fois son chiffre d'affaires estimé pour 2012 ou encore plus de 18 fois son résultat net attendu pour l'exercice en cours. Avec la tempête qui avait sévi sur les marchés l'été dernier, le titre Pernod Ricard était retombé jusqu'à 56 euros en septembre dernier pour ensuite rebondir et reprendre de plus de 41% depuis cet accident de parcours. Sur ce deuxième tiers de l'année, le titre ne varie pas beaucoup, évoluant dans un couloir compris entre 75 et 80 euros. Belle performance et surtout belle revanche pour une valeur qui fait honneur à son statut de défensive...

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