Pourquoi la Chine affole les investisseurs

La nouvelle dégringolade des places boursières chinoises, jeudi 7 janvier, s’est propagée à l’ensemble des marchés mondiaux, comme cela avait été le cas lundi. En moins d'une semaine, les investisseurs ont déjà retiré 2.500 milliards de dollars des marchés actions.
Christine Lejoux
L’Empire du Milieu ne représente que 2,5% de l’indice MSCI World, dans lequel les Etats-Unis pèsent…53%.

Trois petits tours et puis s'en vont. Jeudi 7 janvier, les investisseurs auront eu droit en tout et pour tout à une quinzaine de minutes d'échanges sur les places boursières chinoises. Emportées comme lundi dans une chute de plus de 7%, Shenzen et Shanghai ont vu leurs cotations interrompues pour la journée par les nouveaux mécanismes de coupe-circuit automatiques, mis en place par les autorités boursières chinoises pour éviter la reproduction d'un krach similaire à celui du mois d'août. Cela n'a pas empêché les autres grandes places boursières mondiales de s'affaisser à nouveau, dans le sillage de Shenzen et de Shanghai, comme elles l'avaient fait trois jours plus tôt.

La Bourse de Tokyo a clôturé sur un plongeon de 2,33%, Hong Kong a décroché de plus de 3%, et les principales places européennes ont abandonné entre 2% et 3%. Wall Street n'a pas échappé à ce marasme, le Dow Jones perdant 1,32% à l'ouverture et le Nasdaq, 1,78%. Conséquence, depuis le début de l'année, laquelle a débuté il y a moins d'une semaine, les investisseurs ont retiré 2.500 milliards de dollars des marchés actions mondiaux, pour les reporter sur des valeurs refuge comme l'or, selon l'agence Bloomberg.

La dévaluation du yuan, une arme à double-tranchant

Une réaction qui peut sembler disproportionnée, à l'aune du poids de la Chine dans la capitalisation boursière mondiale. L'Empire du Milieu ne représente en effet que 2,5% de l'indice MSCI World, dans lequel les Etats-Unis pèsent...53%. Mais, sur le plan économique, les choses sont tout autres : en termes nominaux, la Chine représente 15% de l'économie mondiale, soit un écart de 10 points seulement avec les Etats-Unis (25%). Autrement dit, la Chine est la deuxième économie mondiale, et le premier consommateur au monde d'énergie, de métaux et de céréales. C'est dire si son état de santé conditionne celui de l'économie mondiale. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : depuis cet été, chaque quinte de toux de l'économie chinoise fait craindre aux investisseurs que le reste du monde ne s'enrhume. De fait, la Banque mondiale a ramené mercredi sa prévision de croissance du PIB (produit intérieur brut) mondial à 2,9% pour 2016, soit un recul de 0,4 point par rapport à son estimation initiale du mois de juin.

Lundi, la publication d'une nouvelle contraction de l'activité manufacturière en Chine, au titre de décembre, avait semé la panique sur les marchés boursiers mondiaux. Jeudi, c'est la nouvelle dévaluation du yuan par la Banque centrale de Chine, à un plus bas face au dollar depuis mars 2011, qui a mis le feu aux poudres. Il s'agit là, « pour bon nombre d'opérateurs boursiers, d'un signe du recul constant de l'économie du géant émergent, au même titre que les indices PMI dévoilés lundi », explique le courtier XTB, dans une note. De plus, « dévaluer la monnaie pour stimuler la croissance constitue une arme à double-tranchant. Certes, un yuan plus faible donnera un coup de fouet aux exportations chinoises et, partant, à l'économie (du pays), mais il renchérira parallèlement le coût des importations, et renforcera le risque d'une fuite des capitaux hors de Chine, les investisseurs voyant fondre la valeur de leurs actifs », analyse Kamel Mellahi, professeur à Warwick Business School.

Le risque géopolitique est de retour

George Soros, lui aussi, y est allé de sa critique de la dévaluation du yuan. « La Chine a un très gros problème d'ajustement, a de nombreux choix à faire et peut transférer ses problèmes au reste du monde en dévaluant sa monnaie, ce qu'elle fait », a asséné le célèbre financier américain jeudi, dans le cadre d'un forum d'investisseurs qui se déroule à Colombo, au Sri Lanka. Pour George Soros, l'affaiblissement du yuan « inflige des pressions déflationnistes » au reste du monde, pressions qui bénéficient certes au pouvoir d'achat des consommateurs, à court terme, mais qui, à plus longue échéance, risquent de les inciter à différer leurs achats, dans l'espoir de nouvelles baisses de prix, entraînant du coup un ralentissement des investissements des entreprises.

Illustration de ces pressions déflationnistes, le prix du pétrole a encore fondu jeudi, à 33 dollars environ le baril pour le Brent et le WTI, respectivement au plus bas depuis 11 ans et 7 ans. Et ce, alors que les tensions diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran devraient normalement pousser les cours du pétrole à la hausse. Des tensions qui, couplées au présumé test nucléaire effectué par la Corée du Nord, consacrent par ailleurs le retour du risque géopolitique sur les marchés boursiers. Ces derniers se trouvent ainsi en butte à « un cocktail dangereux de nouvelles menaces », a résumé jeudi George Osborne, le chancelier de l'Echiquier. George Soros n'hésitant pas, lui, à mettre en garde contre une nouvelle crise financière, la situation actuelle des marchés lui « rappelant la crise que nous avons eue en 2008. » Bienvenue en 2016.

Christine Lejoux

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Commentaires 4
à écrit le 07/01/2016 à 20:19
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Raison de plus pour amplifier les qe... Nan.. je plaisante. Les qe, c'est bon pour les zinzinvestisseurs.

à écrit le 07/01/2016 à 19:55
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L'ignorance economique CRASSE de certains journalistes ne cesse pas de m'etonner, meme dans La Tribune, et sous la plume de Christine Lejoux! Comment peut on ecrire que "les investisseurs ont déjà retiré 2.500 milliards de dollars des marchés acti...

à écrit le 07/01/2016 à 18:05
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la bourse comme le climat;en train de creer un vortex debut de la fin?toujours plus plus de bon sens nul part!

à écrit le 07/01/2016 à 18:05
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la bourse comme le climat;en train de creer un vortex debut de la fin?toujours plus plus de bon sens nul part!

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