Avec l'espoir d'une prochaine vaccination massive face au Covid-19 et d'un accord sur le plan de relance américain, les Bourses poursuivent, outre-Atlantique, leur ascension fulgurante. En pôle position des enjeux d'une relance plus "verte", le constructeur électrique Tesla profite à plein de l'euphorie boursière américaine. Coté au Nasdaq, - l'indice à coloration technologique qui a inscrit jeudi soir un troisième record quotidien d'affilée à 12.764,75 points - Tesla est attendu pour faire son entrée au sein du prestigieux indice S&P 500 ce lundi 21 décembre.
Au sein de cet indice regroupant les 500 plus grandes sociétés cotées aux Etats-Unis, il aura ainsi accès aux portefeuilles financiers les plus garnis. Il augmentera aussi l'exposition des petits porteurs au constructeur de véhicules électriques haut de gamme. De nombreux fonds de placement à des rééquilibrages vont devoir tenir compte de cette nouvelle donne.
Une véritable consécration pour le groupe dirigé par le milliardaire Elon Musk qui, dès juillet 2020, surpassa son rival Toyota en devenant l'entreprise automobile la plus chère en Bourse.
Dans le TOP 10 des capitalisations boursières
Avec une valeur en Bourse de 655 milliards de dollars à la clôture de la place new-yorkaise jeudi, selon le site boursorama.com, le constructeur est l'entreprise la plus chère à jamais intégrer le S&P 500.
Tesla, dont l'action s'est envolée de plus de 660% depuis le début de l'année est la 9e capitalisation boursière au monde et se rapproche peu à peu de Facebook.
(Passez votre souris pour avoir accès aux chiffres)
Plus impressionnant encore, la compagnie pèse désormais davantage que General Motors, Ford, Fiat-Chrysler, Toyota, Honda et Volkswagen cumulés.
De futurs rééquilibrages
En rejoignant le S&P 500, l'action Tesla va systématiquement figurer dans des fonds indiciels cotés (exchange-traded funds ou ETF), qui suivent de manière passive les fluctuations de l'indice.
Cela signifie que ces organismes vont accorder au groupe automobile une place équivalente à son poids au sein du S&P, actuellement proche de 1%, et, par conséquent, se délester d'autres valeurs.
Des fonds gérés de manière plus active par des gestionnaires de portefeuille, dont l'objectif est d'être au moins aussi performant que les grands indices boursiers, devraient aussi faire la part belle à Tesla.
Ces rééquilibrages s'avèrent d'autant plus complexes que l'entreprise que Tesla va remplacer, Apartment Investment, qui pèse 0,02% de la valeur totale du S&P 500: la part de toutes les autres entreprises représentées dans les fonds va donc diminuer une fois Tesla ajoutée.
Au total, la société S&P Dow Jones Indices, qui gère l'indice S&P 500, s'attend à des mouvements de capitaux d'environ 80 milliards de dollars pour préparer l'arrivée du groupe de Palo Alto (Californie) : un record.
Les montants anticipés sont tellement gargantuesques que S&P Dow Jones Indices avait lancé fin novembre une consultation auprès des acteurs du marché pour savoir s'il valait mieux intégrer Tesla en une seule fois ou en deux temps. La première option a été retenue.
"Au-delà du secteur automobile"
Si elle représente une consécration boursière, l'entrée de Tesla au S&P 500 ne va pas nécessairement se traduire par une envolée immédiate de l'action, estiment toutefois plusieurs analystes.
"Le marché se prépare probablement à l'inclusion au sein du S&P 500 et cela a sans doute énormément porté le titre ces dernières semaines et ces derniers mois", écrit Pierre Ferragu de New Street Research dans une note récente. "Après l'inclusion, les investisseurs n'auront plus besoin d'acheter autant."
Si M. Ferragu reste confiant dans la progression de l'action à long terme, estimant qu'elle pourrait atteindre les 1.200 dollars en 2025 (contre 655,90 dollars actuellement), il est plus prudent sur le court terme.
Ryan Brinkman de JP Morgan se montre bien plus sévère, jugeant l'action surcotée et réitérant des avertissements de longue date sur une bulle spéculative entourant le groupe d'Elon Musk.
"Nous recommandons aux investisseurs de ne pas pondérer les actions Tesla de leur portefeuille proportionnellement à son poids dans le S&P car, de notre point de vue et en vertu de toutes les mesures traditionnelles, les actions Tesla sont non seulement surévaluées, mais le sont de manière dramatique", assène M. Brinkman.
Le ton n'est pas aussi alarmiste du côté de Jefferies: "Nous ne pensons pas que Tesla puisse dominer le secteur automobile étant donné la structure et la politique de cette industrie", estime Philippe Houchois.
"Mais les multiples défis posés par Tesla au modèle d'entreprise automobile (véhicules électriques, batteries, logiciel, autonomie, conception et fabrication et vente directe) lui assurent un avantage compétitif via une marque "messianique" dont la portée va bien au-delà du secteur automobile", ajoute-t-il.
Sujets les + commentés